Une étude finlandaise montre un lien entre la diminution des hémorragies méningées dans le pays et la chute du tabagisme.
UNE ETUDE PROUVE UNE FOIS DE PLUS L’INTERÊT D’ARRÊTER DE FUMER !
Le mois dernier, une étude finlandaise montrait en effet qu’une seule cigarette quotidienne suffisait à augmenter le risque de survenue d’hémorragies méningées, la plus rare mais également la plus mortelle forme d’AVC: elle est caractérisée par la rupture d’un vaisseau sanguin provoquant l’arrêt de l’irrigation du cerveau. Une donnée anxiogène de plus concernant le tabac donc.
Mais une nouvelle étude réalisée par cette même équipe de l’université de Helsinki, et publiée mi-août dans la revue Neurology, nous apprend maintenant que ce risque disparaît très rapidement chez les personnes ayant arrêté de fumer. En effet, les chercheurs ont remarqué que la forte diminution du nombre d’hémorragies cérébrales en Finlande coïncide avec la diminution du tabagisme dans le pays.
«Au fond, ces résultats ne sont pas étonnants. Des études indiquaient déjà que le tabagisme est l’un des plus importants facteurs de vulnérabilité aux hémorragies méningées. Cependant, c’est extraordinaire de voir l’incidence d’une maladie cardio-vasculaire diminuer aussi vite en si peu de temps», s’étonne Jaakko Kaprio, directeur de l’institut de la médecine moléculaire de Finlande, coauteur de l’étude.
Leurs résultats montrent qu’entre 1998 et 2012 l’incidence d’hémorragie méningée a reculé de 24%, passant de 11,7 à 8,9 pour 100.000 personnes. Dans le même temps, le tabagisme a régressé de 30%. Ce type d’AVC connaît même une chute spectaculaire chez les personnes de moins de 50 ans, où il a diminué de 45% pour les femmes et de 38% chez les hommes. Par la même occasion, l’âge moyen de survenue de l’accident s’est déplacé de 54 ans à 57 ans.
Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont croisé les données des registres de mortalité finlandais et de l’Institut national pour la santé et le bien-être. Ce recul de l’incidence est d’autant plus important que cette maladie est souvent fatale. «Le taux de mortalité à un mois se situe autour des 40 % et nous sommes probablement en sous-diagnostic, estime Yannick Béjot, chef du service de neurologie générale, vasculaire et dégénérative du CHU de Dijon. En cas de mort subite, beaucoup de familles refusent l’autopsie de la victime, soit à cause du choc, soit à cause des croyances.»
Selon le neurologue, l’étude des Finlandais «est très pertinente. On peut y voir un lien réel et fort entre tabac et hémorragie méningée. Même si l’hypertension est également un facteur de risque, la baisse la plus significative se situe dans une tranche d’âge, inférieur à 50 ans, peu concernée par cette pathologie artérielle».
«C’est la preuve qu’en étant proactif sur la prévention, on peut réellement agir sur la fréquence d’une maladie», continue Yannick Béjot. Pour Marie Softeland Sandvei et Souvik Sen, chercheurs norvégiens n’ayant pas participé à l’étude, «ces résultats doivent nous encourager à continuer de plus belle les efforts de prévention sur le tabagisme: c’est une raison de plus pour arrêter de fumer».
En France, plus de 140.000 AVC, dont près de 3000 hémorragies méningées, sont dénombrés chaque année, tandis que le tabagisme touche encore 32% de la population, et ce malgré les nombreuses propositions du gouvernement. «Malheureusement, nous observons une tendance inverse à celle des Finlandais avec une hausse des hémorragies méningées chez les femmes, explique Yannick Béjot, dont les recherches portent actuellement sur le registre dijonnais des AVC. Cela peut s’expliquer par un manque d’efficacité de la prévention de la consommation tabagique.»
Source : Sante.lefigaro.fr