AIDUCE :  Un premier groupe de travail au ministère de la santé.

AIDUCE : Un premier groupe de travail au ministère de la santé.

Le jeudi 7 juillet a eu lieu la première réunion du groupe de travail souhaité par la Direction Générale de la Santé sur la cigarette électronique. Le Pr Benoit Vallet a accueilli le groupe de travail au Ministère de la Santé. l’AIDUCE a participé à cette réunion aux cotés d’autres acteurs investis dans les domaines de la vape, de l’addictologie et la réduction des risques, ou de la lutte contre le tabagisme : HCSP, HAS, INSP, ANSM, INC, CNCT, DNF, SOS Addictions, RESPADD, Fédération Addiction, MILDECA, SFT, Fivape, Sovape.

 

aiduce-association-cigarette-electroniqueL’objectif principal donné à ce groupe est de définir le rôle du vapotage dans la lutte contre le tabagisme et la réduction des risques.

La session s’est ouverte avec les présentations des recommandations du Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) (1)

Le HCSP recommande :

  • de poursuivre et d’intensifier les politiques de lutte contre la consommation de tabac ;
  • d’informer, sans en faire publicité, les professionnels de santé et les fumeurs que la cigarette électronique :
    • est un outil d’aide à l’arrêt du tabac chez les populations désireuses de sortir du tabagisme ;
    • apparaît être un mode de réduction des risques du tabac en usage exclusif. Les avantages et les inconvénients doivent être soulignés.
  • De maintenir les modalités d’interdictions de vente et de publicité prévues par la loi de modernisation de notre système de santé et d’étendre l’interdiction d’utilisation à tous les lieux affectés à un usage collectif.

Le HCSP invite :

  • au renforcement du dispositif observationnel français du tabagisme, à la réalisation d’études épidémiologiques et cliniques robustes sur la cigarette électronique, ainsi qu’au lancement de Ministere_sante-francerecherches en sciences humaines et sociales sur cette question ;
  • à clarifier le statut de la cigarette électronique et des flacons de recharge ;
  • à poursuivre les efforts de labellisations et de marquages pour assurer le maximum d’information aux consommateurs et assurer leur sécurité ;
  • à engager les parties prenantes concernées, en particulier l’industrie pharmaceutique, à une réflexion sur la création d’une cigarette électronique “médicalisée” ;
  • à une réactivité accrue des pouvoirs publics face à des “innovations technologiques supposant un bénéfice pour la santé publique” proposées par le marché et ne bénéficiant pas d’une réglementation préalable ;
  • l’Organisation Mondiale de la Santé à émettre des recommandations générales concernant la cigarette électronique qui viendraient enrichir une future version de la Convention Cadre pour la lutte anti-tabac.

Et de la Haute Autorité de Santé HAS (2)

La HAS recommande dans son avis de 2014 qu’il n’a pas jugé utile de réviser depuis :

  • En raison de l’insuffisance de données sur la preuve de leur efficacité et de leur innocuité, il n’est pas actuellement possible de recommander les cigarettes électroniques dans le sevrage tabagique ou la réduction de la consommation de tabac.
  • II est recommandé d’informer les fumeurs qui utilisent des cigarettes électroniques de l’insuffisance actuelle de données sur les risques associés à leur utilisation.
  • Du fait des substances contenues dans les cigarettes électroniques par rapport à celles contenues dans le tabac, les cigarettes électroniques sont supposées être moins dangereuses que le tabac. Si un fumeur refuse les moyens de substitution nicotinique recommandés, leur utilisation ne doit pas être déconseillée mais doit s’inscrire dans une stratégie d’arrêt avec accompagnement.
  • Il est recommandé de mettre en place des études cliniques et des études observationnelles de santé publique sur les effets des cigarettes électroniques, notamment pour étudier les points suivants :
    • toxicité / innocuité et effets d’une exposition sur le long terme ;
    • comparaison d’efficacité avec les TNS dans le cadre du sevrage tabagique ;
    • intérêt dans une perspective de réduction des risques ;
    • impact sur la banalisation, la normalisation et l’image sociale du tabagisme ;
    • composition des liquides des recharges et de la vapeur ;
    • qualité du produit, description de la diversité des produits et changement des produits sur le temps ;
    • pharmacodynamie, pharmacocinétique, toxicologie, cancérogénicité ;
    • effets de la vapeur exhalée, feu et brûlures dus au tabagisme ;
    • potentiel addictif, risques de dépendance ;
    • risques associés aux recharges de nicotine ;
    • etc.
  • Il est recommandé de surveiller de la même façon les nouvelles formes de tabac ou de nicotine qui pourraient apparaître sur le marché, qu’il s’agisse de médicaments ou de produits de consommation.

La réunion s’est poursuivie par un tour de table des intervenants présents.

Nous avons particulièrement apprécié les interventions du Dr Lowenstein (SOS addiction) et Dr Couteron (Fédération addiction) qui ont rappelé l’importance de la vape comme outil de réduction des risques en faisant le comparatif avec les substituts opiacés et en rappelant qu’à cette époque heureuse, les traitements ont pu faire leur entrée en France malgré les avis trop prudents du HCSP et de la HAS. Ils ont également insisté sur la richesse que pourra apporter ce groupe de travail par les univers et les visions très différents des participants.

L’AIDUCE a insisté sur le fait qu’on était en présence d’un discours anxiogène et de lois disproportionnées qu’il était important de réviser, le HCSP ayant mis le doigt sur un problème : on ne sait plus ce qu’est une cigarette électronique, au départ un produit de consommation courante qui a détourné des millions de fumeurs du tabagisme, certains voudraient en faire un médicament industrialisé, d’autres le catégoriser comme si c’était du tabac et le rendre le moins attractif possible, pendant que ses utilisateurs et fabricants voudraient l’améliorer et le diffuser.

L’AIDUCE a dénoncé la frilosité des participants, et a rappelé que chaque jour perdu à se cacher derrière des peurs inexistantes, des gens mourraient du tabagisme. Le discours anxiogène doit cesser au plus vite pour préserver la santé publique

Sovape et l’AIDUCE ont insisté sur l’effet délétère des interdictions planant sur la communication, la promotion et l’information au sujet de la vape, pour les particuliers, les professionnels de santé mais aussi par les conséquences sur celle des professionnels. Ces interdits mettent en cause aussi bien la liberté d’expression que d’information sur des bases peu ou pas fondées et non proportionnées.

Anne Borgne, médecin addictologue (RESPADD) a également mis en avant que la réduction des risques ce n’est pas de ne pas voir de risque du tout, et que les recommandations de la HAS posaient des problèmes aux professionnels de santé qui souhaitent conseiller la vape aux fumeurs.

Certains intervenants souhaitent que la vape soit un médicament, pour pouvoir la prescrire et regrettent le manque d’étude sur l’efficacité en tant que méthode de sevrage tabagique.

L’ANSP qui anime la page Tabac Info Service reconnait en la vape un « formidable espoir » comme aide à l’arrêt du tabac, mais reste prudent dans ses conseils car se doit de suivre les avis des autorités sanitaires. L’agence souhaite un vrai dialogue ouvert avec la population.

Le représentant de DNF a également insisté sur l’application de la réglementation et souhaite que la vape ne soit pas considérée comme un objet festif.

Les représentants de la Fivape ont quant à eux insisté sur l’indépendance des acteurs de la vape par rapport à l’industrie du tabac, et des conséquences désastreuses pour le secteur de l’interdiction de la publicité et de la propagande. Ils ont également rappelé que la vape n’incluait pas de combustion, qu’il fallait bien la différencier du tabac.

Le groupe de travail va continuer à échanger sur les différents points en attendant la prochaine réunion prévue pour le mois de septembre. D’ici là, nous devrons établir les enjeux que le groupe devra plus spécifiquement traiter (communication dans un contexte d’interdiction de publicité et de propagande, vapotage dans les lieux publics, etc.).

L’Aiduce espère sincèrement que ce groupe de travail réussira à trouver un consensus afin de préserver une vape libre et responsable. La liberté de choix, d’utilisation et la mise à disposition massive, un discours posé, un réseau de soutien des utilisateurs ont jusqu’alors permis une adhésion massive des fumeurs réduisant ainsi leurs risques liés au tabac.

Source : Aiduce.org

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A propos de l'auteur

Rédactrice et correspondante Suisse. Vapoteuse depuis de nombreuses années, je m'occupe principalement de l'actualité suisse.