C’est une nouvelle étape dans le débat autour de l’effet cancérigène des cigarettes électroniques. Selon des résultats publiés dans la revue « Addiction » les cigarettes électroniques produisent des aldéhydes cancérigènes que lors des « Dry Puff », ou bouffées sèches, c’est-à-dire lorsque la quantité restante de liquide est insuffisante pour alimenter l’atomiseur. Ce phénomène peut survenir quand le réservoir est vide, ou lorsqu’un atomiseur trop puissant vaporise plus de liquide que n’en contient la mèche de la cigarette. Faute de liquide, la température de l’atomiseur peut alors monter jusqu’à 300 °C, ce qui augmente le dégagement d’aldéhydes.
La réponse au « New England Journal of Medicine »
Ces travaux, menés par le Dr Konstantinos Farsalinos (un défenseur notoire de la cigarette électronique) sont publiés dans le prolongement de la polémique lancée en janvier dernier par une lettre publiée dans le « New England Journal of Medicine ». Les Dr David Peyton et James Pankow de l’université de Portland avaient en effet noté que du formaldéhyde peut se former durant le processus de vaporisation dans les machines récentes utilisant un fort voltage. Ces résultats, avait été critiqués lors de leur publication.
Les chercheurs ont comparé deux dispositifs, dont l’un était modifié pour rendre impossible l’apparition de bouffées sèches (double mèche évitant la surchauffe). Des « vapoteurs expérimentés », procédaient à des aspirations de quatre secondes avec des atomiseurs de puissances variables (6,5 W, 7,5 W, 9 W et 10 W). Les vapoteurs ont signalé des bouffées sèches à 9 et 10 W avec la cigarette à simple mèche, et n’en ont connu aucune avec le dispositif à double mèche.
L’analyse montrait qu’en temps normal, les vapeurs du dispositif à simple mèche (dispositif du commerce) contenaient moins d’aldéhydes que celles du dispositif à double mèche et seulement à des puissances de 6,5 W et 7,5 W (jusqu’à 3,7 µg de formaldéhyde, 0,8 µg d’acétaldéhyde et 1,3 µg d’acroléine toutes les 10 aspirations). Dans le dispositif à double mèche, des quantités d’aldéhydes étaient repérables quelle que soit la puissance utilisée : jusqu’à 11,3 µg de formaldéhyde, 4,5 µg d’acétaldéhyde et 1,0 µg d’acroléine toutes les 10 aspirations. Toutes ces quantités sont inférieures à celles relevées dans la fumée de cigarette, précisent les auteurs.
Dans le cas particulier des bouffées sèches observées dans les dispositifs du commerce, les quantités d’aldéhydes étaient alors multipliées par 30 à 250 : jusqu’à 350 µg de formaldéhyde, jusqu’à 206,3 µg d’acétaldéhydes et jusqu’à 22,5 µg d’acétone. « Les cigarettes électroniques ne produisent de hauts niveaux d’aldéhydes que lors des bouffées sèches. Lors d’une utilisation normale, les émissions restent minimales, y compris avec les dispositifs de nouvelle génération », indiquent les auteurs. Toutefois ils estiment « peu vraisemblable » qu’une exposition à des hauts niveaux d’aldéhyde pendant les courtes périodes de bouffées sèches ait un impact significatif sur la santé. Ils précisent que leur étude, menée sur un seul modèle de cigarette électronique, devra être confirmée par d’autres travaux utilisant des dispositifs et des compositions de liquides différentes.
Source : lequotidiendumedecin.fr