C’est avec une certaine tristesse que nous apprenons cette fameuse ruée pour le tabac depuis le déconfinement. En effet, rien ne semble arrêter les ventes de cigarettes en Andorre même la fermeture de la frontière. Entre le 11 mai, premier jour officiel du déconfinement en France, et le 31 mai, les ventes de produits de tabac ont augmenté de près de 50 % dans la principauté. Or la frontière entre la France et l’Andorre n’a rouvert que le 1er juin. Ce jour-là, des milliers de voitures avaient rejoint le Pas-de-la-Case formant des kilomètres de bouchons.
PAS DE CONTRÔLE, PAS DE PRÉVENTION CONTRE LE TABAGISME…
La fermeture de la frontière n’a donc pas été un obstacle à la hausse des ventes, révélée par Seita, le second acteur du marché français du tabac. Comment l’expliquer ? « Les fumeurs ont pu se rendre en Andorre avant l’ouverture de la frontière« , assure Basile Vezin, le porte-parole de Seita. « Les contrôles ont été faibles. L’imperméabilité de la frontière n’était pas aussi forte que ce qu’on imagine« . Une version étonnante.
Du côté des Douanes, on assure que si un barrage filtrant permanent était en place côté français pendant le confinement, « la situation a évolué quelque peu au mois de mai avec un relatif assouplissement par l’Andorre des mesures liées aux travailleurs frontaliers« , détaille Bruno Parissier, inspecteur principal des Douanes à la direction régionale de Perpignan.
Pour les fumeurs, acheter son tabac en Andorre, c’est l’assurance de faire de grosses économies. En effet, sur place la fiscalité sur les produits du tabac est pratiquement trois fois inférieure par rapport à la France. Seule solution pour lutter contre le tourisme du tabac selon Hervé Natali, responsable des relations territoriales de Seita : harmoniser les prix. « Tant qu’une harmonisation fiscale avec nos voisins n’aura pas été mise en place, augmenter les prix sur les cigarettes ne luttera pas contre la prévalence tabagique mais incitera simplement les Français à passer de l’autre côté de la frontière pour réaliser des économies« .
PHILIPPE COY ENRAGE CONTRE LA FUITE DES CLIENTS !
Le président de la confédération des buralistes Philippe Coy est sur la même longueur d’onde : « Il est inacceptable de voir cette aspiration de clients. Avec ce dumping fiscal de l’Andorre, on a créé un marché parallèle et cela favorise des organisations mafieuses. L’Andorre ne doit plus être un eldorado du tabac pas cher« . Une situation qui dure depuis des années. Les buralistes demandent une mission parlementaire et ont rencontré récemment le président de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale Eric Woerth.
Le confinement avait fait le bonheur des buralistes en France. Les ventes de tabac avaient augmenté de plus de 30 % en mars et de 23,7 % en avril chez les débitants de tabac. Le confinement et la limite de déplacement avaient incité les fumeurs à faire des stocks chez leurs buralistes de proximité. L’achat de cigarettes à l’étranger et le commerce illicite provoquent la perte de cinq milliards de recettes fiscales pour l’État chaque année.
En France, 30 % de la population fumait en 2019 selon les chiffres officiels. Seita estime que le nombre de fumeurs en France est supérieur de 1,4 million aux chiffres officiels.
Source : Ladepeche.fr/