L’ANPAA (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie) à dévoilé il y’a quelques jours son rapport « Vapotage, de l’enthousiasme à la prudence« . Si dans un premier temps, le rapport semble présenter la e-cigarette comme le potentiel « Graal » face au tabac, on s’enfonce assez vite dans le scepticisme et dans une prudence abusive. Complot avec l’industrie du tabac, remise en cause du phénomène de réduction des risques, vapotage passif, potentielle dangerosité des arômes utilisés…. L’ANPAA semble avoir dirigé son rapport en utilisant des études et des chiffres disponibles qui globalement sont à charge contre la vape.
LA E-CIGARETTE, UN PRODUIT INGÉNIEUX, LE POTENTIEL GRAAL POUR QUITTER LE TABAGISME
Dans les premières pages de son rapport « Vapotage, de l’enthousiasme à la prudence », l’ANPAA présente le vaporisateur personnel comme le « Graal de la cigarette inoffensive« , un produit qui « pour les fumeurs comme pour les industriels, serait un substitut idéal : la cigarette sans ses conséquences négatives (ou moindres) pour la santé.« .
Le rapport déclare par la suite que « Promue de fait comme une cigarette sans ses dangers et délivrant de la nicotine, la cigarette électronique répondait à un besoin, à une attente, ce qui explique l’engouement dont elle a bénéficié et les espoirs placés en elle.: disposer d’un substitutif inoffensif qui soit un succédané, un ersatz assez proche du produit d’origine. »
Malheureusement, c’est à ce moment que s’arrête la présentation du vaporisateur personnel en temps que produit d’exception. La suite est clairement moins réjouissante pour les millions de vapoteurs ayant arrêté de fumer grâce à la vape.
E-CIGARETTE : PARLONS PRUDENCE, PARLONS MÊME DE SCEPTICISME ABUSIF
Dés la 6éme page de son rapport, l’ANPAA (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie) ne présente plus du tout la e-cigarette comme le Graal, celle ci s’attaque à partir de la aux « problèmes » du vapotage déclarant tout d’abord qu’il « n’existe guère d’autres différences entre l’utilisation d’une cigarette électronique et celle d’une cigarette classique que l’absence de combustion de feuilles de tabac.« .
Selon ce rapport : « Le terme « vapotage » voudrait, indépendamment de son contenu concret, marquer la rupture avec la cigarette « classique » et une distanciation de l’univers du tabac. C’est pourquoi, ce terme est utilisé préférentiellement par les soutiens à ce nouveau produit. Mais bien entendu, le changement de vocabulaire ne peut à lui seul répondre aux questions complexes posées par l’apparition de l’e-cigarette. »
Concernant la notion de « réduction des risques » de la e-cigarette face au tabac, l’ANPAA s’appuie sur des études publiée dans « The Lancet Respiratory Medicine » et dans « JAMA Internal Medicine » qui ont été maintes fois critiquées par de nombreux experts de santé. La conclusion présente dans le rapport montre d’ailleurs le manque de travail et de sérieux de l’ANPAA : » Il apparait ainsi qu’une baisse de la consommation, grâce au vapotage, maintient cependant un niveau de risque très élevé, en raison de l’extrême dangerosité du tabac, y compris pour des consommations très faibles. La balance bénéfices/risques en termes de réduction des risques demeure difficile à établir, sauf pour les « fumeurs » exclusifs de cigarettes électroniques qui, par là-même, n’auraient aucune exposition à la fumée du tabac. Mais, comme on le constate avec le Baromètre santé, l’immense majorité des vapoteurs continue à fumer du tabac… »
Mais peut on parler de cigarette électronique sans évoquer le fameux « effet passerelle vers le tabac » ? Bien sur que non.. Le rapport en fait donc mention en déclarant que « Les avis divergent sur cette question qui est cruciale, mais il est au moins évident que le marketing en faveur des cigarettes électroniques ne doit pas conduire à un marketing en faveur de la cigarette « classique ». »
Le rapport de l’ANPAA ne fait aucunement mention des études positives sur le vapotage passif, par contre il n’hésite pas à mettre en avant « qu’au-delà du risque, mal établi mais probablement très faible, la ligne de conduite est ici assez facile à déterminer :
– Il n’y a aucune raison d’imposer un risque même très faible à autrui,
– Même en l’absence de risque, la civilité élémentaire, le respect d’autrui doivent conduire à ne pas souffler de la vapeur avec quelques particules inconnues dans les bronches de son voisin. »
Un autre danger évoqué par l’ANPAA, la présence de l’industrie du tabac. Dans le rapport il est précisé que « L’arrivée de la cigarette électronique n’a pas ruiné les industriels du tabac, elle a provoqué de grandes manœuvres qui, pour l’essentiel, ont consisté en une absorption des nouveaux arrivants par les géants du tabac. »
UNE CONCLUSION PRUDENTE ET PROVISOIRE
Au final, ce rapport de l’ANPAA n’apporte pas de nouvelles informations sur le vapotage, si les premières lignes étaient prometteuse, on se retrouve rapidement face à un document qui charge la cigarette électronique et risque une fois de plus d’agir comme un repoussoir chez les fumeurs. Pourquoi ne retrouve t’on aucunes traces des déclarations du Pr Dautzenberg ou encore des études de spécialistes comme Konstantinos Farlinos, Peter Hajek, Linda Bauld, Robert West, Jean-François Etter ?
Ce rapport de l’ANPAA aurait pu être intéressant si il n’avait pas été bâclé et dans ces conditions, sa conclusion bien que provisoire ne peut nous laisser qu’un goût amer : « Après une phase d’enthousiasme initiale, la cigarette électronique semble marquer le pas. Il est clair que dans un premier temps, le vapotage est apparu, pour beaucoup, comme un possible moyen de se débarrasser du terrible fléau du tabac. A l’usage, la réalité s’avère plus complexe. Il est probable que le consensus parmi les experts est loin d’être à portée de main, et que les conditions d’utilisation de la cigarette électronique ne se stabiliseront pas dans l’immédiat. »
Source : ANPAA. (Pour lire le rapport complet rendez vous ici)