En dépit d’une fronde qui s’est amplifiée au fil des semaines, la majorité droite-extrême droite au pouvoir en Autriche a fait adopter il y’a peu au Parlement sa loi visant à permettre de continuer à fumer dans les bars et restaurants.
LE FUMEUR EST ROI DANS LES BARS ET RESTAURANTS !
Lancée début février par l’Ordre des médecins, une pétition officielle contre ce texte a collecté 545.000 signatures dans ce pays de 8,7 millions d’habitants qualifié de « dernier cendrier de l’Europe » par les détracteurs de l’initiative gouvernementale.
Voulu par le parti d’extrême droite FPÖ, entré dans le gouvernement du jeune chancelier conservateur (ÖVP) Sebastian Kurz en décembre, la nouvelle loi annule une mesure d’interdiction totale du tabac dans la restauration adoptée en 2015 et qui devait entrer en vigueur le 1er mai. La consommation de tabac va donc rester autorisée dans les établissements dotés d’espaces fumeurs séparés, et dans ceux d’une superficie inférieure à 50 m2 si leur exploitant le souhaite.
Le vote s’est déroulé dans une atmosphère surchauffée, l’opposition dénonçant un « énorme pas en arrière » en matière de politique de santé, « une trahison pour la santé de nos enfants ». « Vous agissez contre la science et sans conscience, vous prenez aujourd’hui une décision délibérée en faveur de la mort« , a accusé Matthias Strolz, chef du petit parti libéral NEOS. Pour atténuer les critiques, les députés ont fait passer de 16 à 18 ans l’âge officiellement autorisé pour la consommation de tabac et instauré l’interdiction de fumer dans un véhicule où se trouve un mineur.
Les voix s’étaient multipliées pour presser l’exécutif de renoncer à changer la législation, que l’ÖVP avait approuvée il y a trois ans. Mais M. Kurz, lui-même non-fumeur et personnellement hostile à un assouplissement de la législation anti-tabac, s’estime lié par le pacte de coalition noué avec le FPÖ. Le chef du FPÖ, Heinz-Christian Strache, a fait de l’annulation de la loi d’interdiction un marqueur symbolique non-négociable.
Grand fumeur, M. Strache a justifié cette disposition par le maintien d’une « liberté de choix« , soulignant que ce compromis garantissait à ses yeux « l’intérêt des non-fumeurs, des fumeurs et des restaurateurs« , dont l’activité économique pourrait à défaut être selon lui menacée.
Quelque 13.000 personnes meurent du tabac chaque année en Autriche, pays au troisième plus haut taux de fumeurs de l’UE, selon Eurostat (30% des plus de 15 ans).
Source : Lefigaro.fr/