En Belgique, on parle actuellement d’un flou légal à propos de la e-cigarette et notamment sur la vente de e-liquide nicotiné. Nous constatons déjà que certaines personnes se réjouissent de la dissipation du flou légal par l’arrivée de la TPD (transposition de la directive tabac) d’ici Mai.
UNE SITUATION CONFUSE, LE MINISTÈRE DE LA SANTE APPORTE DES PRÉCISIONS !
Si pour la France jusque là les e-liquides qui contiennent de la nicotine sont autorisés, en Belgique, les choses ne sont pas claires. Didier Willot, propriétaire de plusieurs de ces magasins, n’a jamais eu de réponse officielle à ce sujet :« C’est le flou juridique complet ! Nous avons passé des coups de fil, envoyé des dizaines de mails mais personne, je dis bien personne, n’a pu nous donner une réponse. Dès lors, je ne vends pas de nicotine dans mes magasins belges, même si mon site français peut en vendre à mes clients belges« .
Du côté du cabinet de la ministre fédérale de la Santé, Maggie De Block , l’expert tabac Mathieu Capouet est plus précis : « La vente de nicotine avec les cigarettes électroniques est illégale. On se base sur la législation de 2013 pour cela. La nicotine ne peut être vendue qu’en pharmacie« .
QUAND UN PROPRIÉTAIRE DE BOUTIQUE SABORDE LE PRODUIT QU’IL DEVRAIT DÉFENDRE..
Si une partie des e-liquides peuvent s’acheter sous le comptoir ou encore par correspondance via la France, Didier Willot nous explique que tout et n’importe quoi circule sur le marché des e-liquides : « « Des produits viennent de Chine, d’Ukraine, de pays où il n’y a pas de contrôles. Et là, il faut faire très attention ! Quand on voit qu’on peut trouver dans des night-shops des doses à deux euros cinquante, il faut se méfier : on ne sait pas ce qu’il y a dedans. On a déjà trouvé des acides, de l’acéthyl et d’autres produits très nocifs qui peuvent abîmer la voix, ça s’est déjà vu« ..
Cette situation est dénoncée par les spécialistes comme Antoine Frémaut, tabacologue dans un hôpital de Charleroi, qui recommande la prudence: « Actuellement, peu de liquides électroniques sont d’une qualité correcte. Et, donc, il y a des liquides vendus comme contenant beaucoup de nicotine et qui n’en contiennent pas. Et, paradoxalement, il y a des liquides vendus sans nicotine et qui en contiennent ! Et le gros souci, c’est que, comme il n’y a pas de contrôles, aucun liquide proposé sur le marché n’est sûr à 100% !«
Pour notre part, nous trouvons bien triste d’entendre de tels discours sachant que de nombreuses marques de e-liquides proposent assez souvent des analyses complètes de leurs recettes, de plus nous disposons à l’heure actuelle de beaucoup d’études qui tendent à dire le contraire de ce que peut affirmer ce fameux tabacologue de Charleroi. Si il pouvait nous donner des preuves concrètes de ce qu’il avance cela pourrait nous aider à comprendre son raisonnement.
LA BELGIQUE VEUT PRENDRE DE L’AVANCE SUR L’APPLICATION DE LA TPD
Au cabinet de la ministre De Block, on se dit bien conscient de ces dérives potentielles. Le marché est en pleine expansion depuis l’apparition de ce type de cigarette, en 2008, même si on est encore loin de la généralisation française. La législation va bientôt changer, confirme Mathieu Capouet : « La ministre de la Santé devrait signer et publier dans les semaines qui viennent un nouvel arrêté royal transposant l’article 20 de la nouvelle directive 2014/40/UE qui concerne la cigarette électronique avec nicotine. L’Europe demande que ce soit transposé dans les législations nationales pour le mois de mai. Nous prenons un peu d’avance : en pratique, cet arrêté sera d’application dix jours après sa publication au Moniteur et autorisera la vente d’e-cigarettes avec nicotine.«
Mais cette vente s’effectuera sous certaines conditions dont notamment les suivantes :
– Obligation de notification des e-cigarettes par les producteurs aux autorités
– Restriction en matière de composition, notamment avec un dosage maximum de nicotine
– Avertissements sanitaires sur les paquets
– Restriction de la publicité
– Interdiction de la vente par internet.
ANTOINE FREMAUT, TABACOLOGUE : « ENCORE PEU DE RECUL… »
On l’a bien compris, Antoine Fremaut, tabacologue, n’est pas fan de la e-cigarette, d’ailleurs il n’a pas hésité à donner ses inquiétudes encore une fois basées sur les mêmes rengaines : « Je m’interroge par rapport aux non-fumeurs, qui pourraient être tentés de tester la cigarette électronique. Et puis, qu’en est-il des plus jeunes ? Est-ce qu’il n’y a pas un phénomène de mode qui se crée ? Est-ce que l’emploi de la cigarette électronique n’est pas une porte d’entrée vers le tabagisme classique ? On ne le sait pas. Il y a beaucoup de jeunes qui fument des e-cigarettes alors qu’ils n’ont jamais fumé de cigarettes traditionnelles. En tout cas, la prudence s’impose : si c’est un moyen d’empêcher l’augmentation du tabagisme et que c’est un moyen pour encourager les fumeurs à arrêter, pourquoi pas. Mais nous avons encore peu de recul ».
Pourtant du recul, nous en avons quand même un petit peu, il suffit de se renseigner sur son sujet avant d’en parler tout simplement !
Source : Rtbf.be