L’annonce par la ministre de la santé Maggie De Block que la cigarette électronique avec nicotine sera vendue librement sans imposer d’accises suscite l’émoi. Catherine Fonck, cheffe de groupe cdH à la Chambre, dans l’opposition, dénonce la décision prise par la Ministre de la Santé de libéraliser la vente de la cigarette électronique. Pour la Députée humaniste, l’e-cigarette ne peut être vendue que comme aide pour arrêter le tabac. Elle doit donc être vendue exclusivement en pharmacie, elle ne peut être taxée et doit faire l’objet d’un suivi par le pharmacien.
Le nombre de jeune fumeur a triplé
L’e-cigarette attire particulièrement les jeunes. Une récente étude, réalisée sur 2400 jeunes de 15 ans, parue dans Tobacco Control du British Medical Journal et évoquée dans le Soir de mardi, fait état de chiffres interpellants : près de 19 % de fumeurs de cigarettes électroniques sont passés au tabac contre 5 % pour ceux qui n’ont pas testé cet appareil. Pire, chez les jeunes non-fumeurs au début de l’étude, le nombre de fumeurs a été multiplié par 3 pour ceux qui ont eu recours à l’e-cigarette par rapport à ceux qui ont évité son utilisation. Selon les scientifiques, la vente libre des cigarettes électroniques favorise le début du tabagisme chez les jeunes alors que la meilleure prévention est d’éviter de commencer à fumer. Les récentes études de la Fondation contre le cancer vont également dans ce sens.
En outre, en octobre 2015, le Conseil Supérieur de la Santé émettait plusieurs recommandations sur la cigarette électronique, notamment la limitation de sa vente dans des points de ventes spécialisés avec l’accompagnement de personnes formées. Il attirait également l’attention sur l’introduction de l’e-cigarette et particulièrement auprès des moins de 18 ans.
Pour Catherine Fonck, la vente d’e-cigarettes n’est acceptable que comme aide au sevrage tabagique. Sans cela, elle se développera comme nouvelle forme de consommation de tabac nuisant gravement à la santé, comme l’admet d’ailleurs la Ministre, ou pire encore comme chemin d’accès à la cigarette.
Vente exclusive en pharmacie
Elle estime donc que l’e-cigarette doit être vendue exclusivement en pharmacie et s’insérer dans un processus de sevrage tabagique comme ceux qu’entend promouvoir la ministre, mais auxquels elle semble peu croire. Dans cette perspective, l’e-cigarette pourrait même être remboursée. Le pharmacien pourrait aussi assurer un rôle d’accompagnement et d’information sur l’arrêt du tabac. Il serait à même d’empêcher les jeunes de commencer à fumer l’e-cigarette.
Dès lors que, contre les évidences scientifiques, la ministre entend libéraliser la vente de l’e-cigarette en dehors de ce processus, elle en fait un produit du tabac comme les autres.
Enfin, Catherine Fonck attend encore et toujours les mesures de la Ministre qui permettraient de lutter efficacement contre ce fléau, première cause de cancer et cause de 20.000 décès évitables chaque année. Mesures dont l’annonce avait justifié, notamment, le rejet de sa proposition de loi visant à instaurer le paquet de cigarettes neutre.
Source : lesoir.be