Des groupes liés à la santé aimeraient voir Santé Canada sévir contre «l’explosion récente» de publicités semblant faire la promotion d’un mode de vie pour les cigarettes électroniques à la télévision, sur les réseaux sociaux et dans d’autres contextes.
LA PROMOTION DU VAPOTAGE CIBLEE PAR DES GROUPES DE SANTE
Ces groupes, dont la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, exigent une application «ferme» de la loi en vigueur et l’élaboration de règlements visant à assurer que les enfants soient protégés de toute publicité en faveur des cigarettes électroniques.
Le 23 mai dernier, le Canada a adopté la nouvelle Loi sur le tabac et les produits de vapotage. La loi inclut des restrictions sur la promotion des produits de vapotage, interdisant notamment la promotion de produits attrayants pour les jeunes et la publicité faisant la promotion d’un style de vie.
D’autres restrictions sont entrées en vigueur lundi, notamment l’interdiction de la vente et la promotion de produits de vapotage qui rendent le produit attrayant pour les jeunes, comme des formes ou des sons intéressants; la promotion de certains arômes – comme les arômes de confiserie, de dessert ou de boisson gazeuse – qui peuvent être attrayants pour les jeunes; et la promotion de produits au moyen de recommandations ou de publicités.
Le groupe a notamment montré du doigt une campagne d’Imperial Tobacco qu’il décrit comme «un précédent crucial et dangereux pour la santé publique». Les organisations affirment qu’une plainte officielle a été faite auprès de Santé Canada concernant une publicité télévisée diffusée depuis la fin de l’été.
LA VAPE, « UNE PREMIERE ETAPE VERS LA DEPENDANCE AU TABAC »
Le directeur de la recherche chez Médecins pour un Canada sans fumée, Neil Collishaw, constate que la consommation des cigarettes électroniques est en plein essor chez les jeunes.
«C’est la première étape vers la dépendance à la nicotine et au tabac», a-t-il soutenu en entrevue avec La Presse canadienne.
La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac remarque que la publicité de ces produits est «omniprésente» hors du pays avec notamment des présentoirs installés dans les stations-service et des affiches dans les abribus. Ces publicités apparaissent aux yeux des adolescents comme «des gadgets modernes, attrayants et inoffensifs», a soutenu Flory Doucas, codirectrice de la coalition.
Mme Doucas souhaite qu’Ottawa restreigne les endroits où les publicités peuvent être déployées afin de s’assurer qu’elles visent surtout les adultes et autant que possible uniquement les fumeurs.
«Les études nous montrent que ceux qui ont utilisé des produits de vapotage sont jusqu’à quatre fois plus susceptibles de devenir des fumeurs de cigarettes», a-t-elle déclaré.
Son organisation n’a pas observé la diffusion de publicités d’Imperial Tobacco à la télévision québécoise, une situation qu’elle attribue à la sévérité de la législation provinciale. Flory Doucas craint toutefois les conséquences de la décision du gouvernement fédéral d’avoir autorisé la publicité sur les réseaux sociaux et internet, des véhicules promotionnels qui sont beaucoup vus par des jeunes.
Par communiqué, le directeur général d’Action on Smoking & Health, Les Hagen, a rappelé que «cela fait presque 50 ans que les compagnies de tabac ne diffusent plus de publicité à la télévision canadienne».
Le pouvoir de réglementer le tabac et la nicotine est partagé entre les gouvernements fédéral et provinciaux. Certaines provinces ont adopté des règles plus strictes en matière de publicité pour la nicotine, alors que d’autres non. Les groupes demandent à Santé Canada de veiller à ce que les enfants canadiens de toutes les régions soient également protégés.
IMPERIAL TOBACCO CANADA REJETTE LES ACCUSATIONS !
Éric Gagnon, directeur principal des affaires corporatives et réglementaires chez Imperial Tobacco Canada, rejette complètement les accusations du groupe sur les publicités. «Pas du tout», a-t-il martelé en entrevue téléphonique.
«Il n’y pas de publicités de produits de vapotage dans les arénas ou les cours d’école. Les publicités qui ont été montrées aujourd’hui à la télévision, elles sont à l’heure d’écoute un peu plus tard», a-t-il plaidé. Selon lui, il appartient aux gouvernements de sensibiliser les jeunes. «Il y a une responsabilité sociale de s’assurer que les jeunes sont au courant que c’est un produit qui contient de la nicotine», a-t-il expliqué.
«Nous, on travaille avec nos partenaires qui sont les détaillants et les détaillants sont reconnus pour ne pas vendre ces produits-là aux jeunes.»
Source : Lenouvelliste.ca/