Aujourd’hui, nous avons décidé de vous proposer un dossier spécial sur « Big Tobacco » et sur leur arrivée dans le marché de la e-cigarette. Si on a pensé un temps que les industriels du tabac n’étaient pas intéressés par la vape, on se rend maintenant compte qu’ils étaient tout simplement en attente d’une confirmation de ce succès. Un dossier qui nous plonge dans l’univers de Big Tobbaco et qui nous montre la difficulté que les indépendants de la vape auront à ne pas succomber au pouvoir financier de ces industriels sans scrupules.
DE L’INFLUENCE DU TABAC AU POTENTIEL ÉCONOMIQUE DE LA E-CIGARETTE
A la fin de l’année 1999, Kingsley Wheaton se trouvait au milieu d’un coup d’état. A 23 ans, il avait rejoint le fabriquant de cigarettes « Rothmans » qui l’a ensuite envoyé à Dubaï (Qatar). Lorsque la firme « British American Tobacco » a acquis « Rothmans« , Kingsley Wheaton a eu la possibilité de déménager en Afrique de l’Ouest. Il est donc parti pour Abidjan, la capitale commerciale de la Côte d’Ivoire afin d’y promouvoir un portefeuille de marques dont « Craven A« , « Benson & Hedges » et bien entendu « Rothmans« . La veille de Noël, le président Ivoirien Henri Konan Bédié fut renversé, Kingsley Wheaton s’en rappelle ‘Nous étions enfermés dans nos maisons, il y a eu des coups de feu incessants durant trois jours. »
Exactement 15 ans plus tard, Wheaton se trouvait au milieu d’un autre conflit potentiel… Dans les années qui ont suivi, il est intervenu en Russie pour « British American Tobacco » avant de devenir le plus jeune membre du conseil restreint de la deuxième plus grande société de tabac à l’échelle mondiale. Fin 2014, British American Tobacco a récompensé son travail acharné en le mettant en charge des « produits de la prochaine génération » (en clair, de la e-cigarette) en temps que responsable des divers dispositifs délivrant de la nicotine sans fumée. Aujourd’hui, à 41 ans, Kingsley Wheaton a été chargé de diriger son entreprise et fait tous les efforts afin d’entrer dans un domaine qui a le potentiel de détruire leur activité traditionnelle.
LA LUTTE CONTRE LE TABAC ET L’ACCLIMATATION DE BIG TOBACCO
Depuis les années 50, les grandes compagnies de tabac ont été confrontées à un recul après l’autre. A partir de 1951, Dans une étude menée par 40.000 médecins britanniques, les épidémiologistes Richard Doll et Austin de Bradford Hill ont démontré le lien entre le tabagisme et la maladie. Dans les années qui ont suivi, les gouvernements occidentaux ont introduit des régimes de réglementation et de fiscalité de plus en plus punitifs. Les Etats-Unis ont interdit la publicité télévisée en 1970 et les logos des marques de cigarettes ont progressivement disparu des voitures de formule 1… Des mises en gardes sanitaires sont également apparues sur les paquets. Enfin, en Mars 2015, le gouvernement britannique a suivi l’exemple de l’Australie et a introduit le « paquet avec emballage neutre« . Il faut savoir qu’au Royaume-Uni, les taxes représentent 80% du prix d’un paquet de 20 cigarettes. 22% des hommes et 17% des femmes sont fumeurs ce qui représente tout de même, seulement la moitié du nombre de consommateurs par rapport à l’année 1974. Bien que beaucoup de monde soit contre eux, Big Tobacco s’est acclimaté à la baisse de la demande, le monde en constant développement a offert un marché en croissance et paradoxalement, les régimes fiscaux lourds en Europe ont déguisé la hausse de prix des fabricants. Les quatres grandes sociétés mondiales du tabac ont engendré 32 milliards de dollars de bénéfices en 2014.
QUAND BIG TOBACCO ACHETE LA E-CIGARETTE AVEC DES MILLIONS DE DOLLARS !
Dernièrement, un changement plus radical est arrivé ! En 2003, un technologue chinois nommé Hon Lik a inventé la cigarette électronique, un dispositif qui libère de la nicotine par le biais d’un e-liquide composé de propylène glycol et de glycérine végétale plutôt que par la combustion de feuilles de tabac séchées.
Les producteurs indépendants pionniers du produit ont tout d’abord inventé des e-cigarettes rudimentaires. Pendant un temps, Big Tobacco est resté sur la touche mais le marché de la vape s’est amélioré et a pris une toute autre ampleur. L’an dernier, les ventes mondiales ont représenté plus de 4 milliards d’euros et même si ça ne représente qu’un petit pourcentage de la vente des cigarettes classiques cela reste une somme importante. Les experts ont suggéré qu’avec le temps, les e-cigarettes changeraient la façon de consommer de la nicotine dans le monde entier.
« Les régles du jeu ont changé » annonce Bonnie Herzog, analyste chez Wells Fargo aux Etats-Unis qui est l’un des représentants les plus optimistes sur la e-cigarette et les autres « produits à risques réduits ». « Je pense réellement que dans la prochaine décennie, la consommation de ces produits dépassera la consommation de cigarette composée de tabac« .
Big Tobacco a commencé à réaliser que la e-cigarette n’est pas une mode temporaire mais une véritable menace pour le marché du tabac. Plus que ça, cela pourrait être un produit que Big Tobacco a cherché à produire pendant longtemps en vain : Une cigarette plus sûre. « On peut prendre le scénario Kodak en exemple » nous dit David Sweanor, un professeur de droit à l’Université d’Ottawa et vétéran de la lutte anti-tabac, en se référant au fabriquant de film qui a déposé le bilan en 2012 après l’arrivée de la photographie numérique. « Big tobacco ne veut surtout pas faire un « Kodak »« conclut David avant que Jonathan ajoute « Le potentiel pour un produit qui répond aux attentes de leurs clients mais ne possède pas les effets néfastes est quelque chose dont Big Tobacco a rêvé depuis longtemps. »
Big Tobacco est en retard dans la partie et a maintenant commencé a se déplacer, leurs fusions et acquisitions d’équipes ont commencé à acheter des producteurs indépendants d’e-cigarettes. En Avril 2012, la marque américaine « Lorillard » a acheté Blu-cigs pour 135 millions de dollars. En 2014, Japan Tobacco a pris « Zandera« , fabricant de E-lites. Imperial Tobacco a conclu un accord avec Hon Lik, l’inventeur chinois de l’e-cigarette. Philip Morris International a acheté « Nicocigs« , et finallement British American Tobacco s’est offert en décembre 2012 une start-up de Manchester appelée « CN Creative« .
Clives bates, un ancien gestionnaire des campagnes sur le tabagisme et la santé a conclu en nous disant « Ils veulent un chien dans la lutte ! » et on l’aura compris, avec Kingsley Wheaton, British American Tobacco souhaite s’investir pleinement dans le marché de la e-cigarette.
BIG TOBACCO VEUT MAINTENANT DOMINER LE MARCHE DE LA E-CIGARETTE
Évidemment ces quelques rachats ne vont pas rassasier Big Tobacco qui sent bien que pour exister d’ici quelques années il faudra dominer le marché de la e-cigarette. Alors de nouveaux produits sont déjà lancés comme « JAI » qui a fait son apparition en France et dont on voit maintenant la publicité et la propagande un peu partout. Et British American Tobacco ne sera pas en reste dans l’histoire puisqu’ils prévoient de sortir un nouveau produit du nom de « Voke » qui sera un simple inhalateur de nicotine qui n’a besoin ni de combustion, ni de batterie. De plus et comme l’ont soulignés certains spécialistes, Big tobacco ne s’arrête pas au fait d’acheter les marques ou les produits mais s’attelle maintenant à engager directement à coup de billets de banque les créateurs indépendants et autres spécialistes de la e-cigarette afin de rattraper leur retard dans le domaine. Il parait malheureusement évident que si Big Tobacco ne peut vendre son tabac, il se transformera en Big E-cigarette en terrassant tous ses concurrents à coup de millions de dollars ou d’euros. Big Tobacco sait s’adapter, s’acclimater et rebondir, ils ont toujours su le faire et il sera dur de garder un marché de la e-cigarette indépendant bien longtemps.
ALORS BIG TOBACCO PEUT IL SAUVER LA VAPE ?
C’est une question qu’il serait légitime de se poser quand on a compris que Big Tobacco est un rouleau compresseur. Et bien oui ! Big Tobacco peut sauver la vape, mais pas notre vape, celle que connaissons et que nous apprécions. Ces géants du tabac tentent de nous faire croire qu’ils veulent nous donner du plaisir sécuritaire avec leurs nouveaux produits, leurs « cigalike ».. Mais ne soyons pas naïfs ! C’est de cette façon que Big Tobacco a commencé à faire sa promotion pendant la seconde guerre et à vanter « les bienfaits » du tabac blond, puis avec les interdictions de publicité, avec les premières études de médecin, il a bien fallu ajouter des produits extrêmement addictifs et nocifs afin de rendre le consommateur accroc et afin d’être sûr qu’il consommerait jusqu’à sa mort. Quoi qu’il arrive, un marchand de mort reste un marchand de mort, Big Tobacco ne veut pas s’écrouler et a décidé de prendre tout le monde à contre pied. Nul doute que d’ici quelques mois et années, c’est le financement, la puissance et les avocats de Big Tobacco qui sauveront la vape, mais cela ne sera pas « ma » vape. Et peut on faire confiance aux principaux accusés d’un génocide qui cherche à blanchir leur réputation ? Jamais.
Source : Newsweek – Spinfuel.com (Article traduit en Français, modifié et mis en page par Vapoteurs.net)