Comme vous le savez, la directive européenne sur le tabac (DPT) sera normalement transposée en Mai 2016 ce qui aura pour effet de bouleverser considérablement le paysage actuel du marché de la cigarette électronique. Beaucoup d’entre vous se sont posé la question de savoir comment les boutiques, grossistes, fournisseurs et fabriquants avaient prévus de réagir face à cela. Nos professionnels de la vape ont ils anticipé le phénomène ? Vont ils s’adapter, lutter ou s’effondrer ? Au vu du grand silence qui régnait à ce sujet, nous avons contacté plus de 30 professionnels de la vape dans tous les secteurs (gérant de boutique physique, gérant de boutique en ligne, grossiste, fabriquant de e-liquide, moddeur..) et certains ont pris le temps de répondre a quelques unes de nos questions.
RAPPEL : MAIS LA DIRECTIVE DES PRODUITS DU TABAC C’EST QUOI ?
Évidemment, nous ne pouvions pas démarrer cet article sans vous faire un petit rappel pour ceux qui seraient nouveaux dans le monde de la e-cigarette. La « DPT » (Directive des produits du tabac) a été votée le 26 février 2014 par le le parlement Européen. Malgré le fait que la cigarette électronique ne contienne pas de tabac, celle-ci a été incluse dans cette directive et la mobilisation citoyenne pour une vape libre mise en place (EFVI) n’a malheureusement pas abouti suite au manque d’adhésion. Si la transposition doit au plus tard être en place sur le territoire national en mai 2016, celle ci pourrait devenir effective à tout moment. Cette « DPT » a pour but de réguler le marché de la e-cigarette de façon stricte et voici quelques unes des restrictions les plus importantes qu’elle prévoit :
- Publicité « Directe » ou « Indirecte » interdite (Blog / Groupe facebook / Forum / Affiche)
- Si les États le décident, les ventes en ligne peuvent être interdites
- Un flacon de e-liquide ne pourra excéder 10 ml
- Le taux de nicotine ne pourra excéder 20mg/ml
- Une cartouche ne pourra pas contenir plus de 2 ml de e-liquide
- Déclaration de mise sur le marche et études poussées sur le matériel
- Redevance (taxe) afin de financer les études réalisées sur les produits.
3 QUESTIONS A PROPOS DE LA « DPT » AUX PROFESSIONNELS DE LA VAPE
Nous sommes donc partis à la rencontre des professionnels afin d’avoir leur ressenti à travers trois questions très simples :
– Savez vous ce qu’est la transposition de la directive tabac ?
– Qu’avez vous prévu pour son application en Mai 2016 ?
– Êtes vous inquiet ou serein quant à l’après DPT ?
SAVEZ VOUS CE QU’EST LA TRANSPOSITION DE LA DIRECTIVE TABAC ?
Si on part du principe qu’un acteur de la e-cigarette a forcément une connaissance approfondie du sujet, on est en droit de se dire qu’ils sont tous au courant de ce qui est en train de se jouer depuis maintenant plus d’un an. Il n’est pourtant pas rare de voir des boutiques de e-cigarette qui avouent ne jamais avoir entendu parler de la « DPT » et c’est bien ce qui est inquiétant. Pour les professionnels que nous avons interrogés, ils connaissent tous son existence , certains ayant plus de connaissances sur le sujet que d’autres. Sans étonnement, les réponses à cette question ont été données avec beaucoup d’amertume et d’inquiétude, la plupart des professionnels nous répondrons « Oui, hélas… » d’un air dépité, pour « Elsass Funky Juice« par exemple « La DPT est un sujet on ne peut plus actuel et inquiètant… » même si ils avouent « ne pas avoir d’informations précises sur ce qui sera réellement appliqué, et sur les délais d’application.« . Pour la boutique « We Vap« , la réponse est une évidence à laquelle on aurait du s’attendre « Oui, quand même ! Un peu de sérieux…. » malheureusement on aurait pu en profiter pour leur rappeler que tous les professionnels de la vape ne sont pas aussi sérieux.
Évidemment, il y a aussi des acteurs à qui on ne l’a fait pas ! Ceux qui maitrisent bien leur sujet comme la marque de e-liquide « Fuu » qui nous confie : « Nous suivons de très près les travaux du gouvernement français sur la question. Il y a plusieurs choses à savoir : la directive européenne doit être transposée avant mai 2016 dans le droit français. Généralement une directive est assez vague et le droit national sert à la préciser. Dans le cas de la vape, bizarrement et scandaleusement, la directive est très précise. La France a très peu de marge de manœuvre pour transposer la directive européenne. Nous connaissons donc déjà l’essentiel de ce qui nous attend et cela sera très contraignant. »
Finalement pour l’Union des artisans de la vape (qui a pris le temps de nous répondre) « Tout membre de la profession se doit de connaître avec précision cette directive qui risque de nous priver de nos emplois, tous les membres de l’union s’accordent à dire qu’ils sont conscients de l’enjeu de l’application d’une telle absurdité. Nous attendons l’application en droit français (la Suisse n’étant pas membre de l’UE) et soutiendrons ceux qui se battront devant les tribunaux. Nous nous accordons aussi à voir que ce n’est qu’une question d’argent bien loin devant la santé de nos citoyens. »
QU’AVEZ VOUS PRÉVU POUR SON APPLICATION EN MAI 2016 ?
A cette question, les avis sont très diversifiés ce qui au final s’avère plutôt normal étant donné que chaque acteur du marché n’a pas les mêmes moyens et le mêmes ambitions. Les réponses étant assez longues et intéressantes, nous souhaitons vous les proposer dans leur intégralité :
Union des artisans de la vape (Modeurs) : « La plupart des membres de l’union continuent à travailler en gardant espoir que les textes soient modifiés, voire avortés. Après l’application de la directive, si le texte est trop restrictif, nous essaieront bien sûr de conserver notre travail en essayant de nous adapter dans la mesure du possible. L’exportation pourrait s’avérer être notre salut, ainsi que le détournement de l’objet, un mod pourrais ainsi être vendu comme une lampe de poche avec un connecteur 510, « le client n’aurait alors qu’ a y visser un atomiseur ». Certains de nos membres, préférerons arrêter tout bonnement au lieu de, je cite « se prostituer pour big Tobacco ». La France perdrait ainsi une bonne partie de ses artisans dans la profession, au profit des lobbies du tabac, mais surtout elle perdrait un fabuleux outil de réduction des risques liés au tabagisme … Elle ne semble pas en avoir conscience. Les associations reviennent en premières lignes, Aiduce, Fivape pour la France et Helvetic Vape pour la Suisse, l’union des artisans marche aux côtés de ces associations pour sauver la vape. Enfin il n’est pas question de se tourner vers les marchés du tabac comme on a pu le lire récemment. Nous continuerons à nous battre pour que l’amalgame vape et tabac ne soit pas entretenu. »
We Vap (Boutique physique et en ligne) : « En aucun cas une fin d’activité ! Nous verrons déjà comment va s’appliquer concrètement la TPD… N’oublions pas un détail des plus important : Nous dépendons (et c’est normal) des fabricants et autres grossistes ; Si ces derniers remplissent correctement leurs rôles en adéquation avec les normes, ils ne devraient pas trop y avoir de problèmes.
Concernant la publicité, c’est maintenant que les gérants doivent mettre le paquet ! Si nous savons qu’à partir de mai 2016 nous n’aurons plus le droit de faire de la publicité qu’elle quelle soit, c’est à nous autres gérants d’anticiper : Un coup de com’ à la septembre, une distribution massive de flyers, une présentation générale aux autres commerces proches, des affiches dans des lieux clés… Autant d’idées de booster un dernier coup l’image de la vape avant la fin de la publicité. »
Evaps (Boutique physique et en ligne) : « Chez nous la TPD est perçue comme un frein à notre développement, mais qui n’empêche en rien la continuité de notre activité. Aucune loi ne pourra nous interdire de vendre un boulon, un chipset ou encore un arôme via nos futures quincailleries en ligne. En revanche, le fumeur actuel qui n’a pas encore tenté l’expérience sera clairement bridé par la puissance ou encore la contenance… les boutiques spécialisées auront donc un rôle très important en termes de conseils afin qu’ils ne retournent pas dans les travers des lobbyistes. »
Elsass Funky Juice (Fabriquant de e-liquide Français) : « Si ce qui est prévu est appliqué sans modification, notre toute petite entreprise ne pourra plus exister. Imaginons 4 000€ l’espèce d’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) par dosage sur une recette ! Notre gamme comporte 5 dosages nicotiniques et 9 recettes soit 45 x 4 000€, c’est à dire 180 000€ pour la première année et ensuite pour les années suivantes : 1 500€ par dosage et par recette soit 45 x 1 500€ = 65 000€… Nous vendons à ce jour 5 000 flacons et nous n’aurons pas les moyens de suivre, nos marges ne sont pas celles d’Alfaliquid par exemple qui produit 240 000 flacons/jour ! Si ces mêmes grandes marques répercutent une augmentation plutôt qu’une baisse de leur marge, les 10 ml de e-liquide vont augmenter et si on passe un certain seuil, beaucoup de vapoteurs retourneront à la cigarette et l’état et les différents lobbyings auront gagné : tuer la vape ! Nous sommes très lucides et croisons en shop beaucoup trop de vapoteurs qui ne sont pas conscients de ce qui arrive ! »
Iclope (Boutique en ligne) : « Selon notre lecture, cette TPD montre clairement la fin de notre activité en Mai 2016. Si elle est appliquée telle quelle et que l’état est pointilleux. Notre analyse est que le parlement européen, avec cette directive, va donner le monopole de la cigarette électronique à l’industrie du tabac. Tout simplement. Ce qui est hallucinant, malsain, scandaleux… Si cette directive sort comme çà en mai 2016 et si l’état la suit à la lettre, notre seule solution serait de proposer un unique produit comme la « Jai » avec 3 arômes de recharge, ce qui n’aurait aucun sens. On pense donc à la fermeture de la boutique… si la directive sors telle quelle. On ne sait d’ailleurs même pas si l’on aura le droit de continuer de proposer ces produits sur internet avec l’article sur la publicité qui n’est pas clair du tout sur ce point. Nous avons également l’impression que l’état veut donner ce marché aux buralistes, en échange de contraintes supplémentaires sur le tabac. Déshabiller Pierre pour habiller Paul… sachant que les « Paul » sont beaucoup plus nombreux et mieux organisés. »
Fuu (Fabriquant de e-liquide Français) : « Tout d’abord, son application peut commencer avant Mai 2016, c’est le législateur français qui décide. Nous savons de source sûre qu’ils sont en train de se préparer activement. Les obligations risquent de tomber plus tôt. La loi de santé en examen actuellement au sénat est un des éléments de ce dispositif d’application. Elle va plus loin que la directive en encadrant la publicité sur la vape et menace même l’existence de vapoteurs.net ou des forums…
Du côté des fabricants, nous sommes engagés dans plusieurs actions complémentaires :
– Lobbying intensif auprès des autorités et des parlementaires pour obtenir des modalités d’application les moins contraignantes possibles. Il est encore temps de faire changer certains points et nous bossons dur pour ça.
– Travail dans le domaine des normes applicables à la vape pour devancer les autorités, les rassurer et faire de la France le pays de référence en matière de vape. La FIVAPE est en première ligne dans ce domaine et a obtenu des résultats excellents : norme NF, et bientôt européenne.
– Chez Fuu, nous réfléchissons sur nos possibilités d’action en justice pour faire valoir nos droits et ceux des consommateurs quand la directive et ses dispositions aberrantes s’appliqueront : il y a plein de choses qui ne sont pas juridiquement précises et exactes dans ce texte et nous ferons ce qu’il faut pour défendre la vape devant les tribunaux.
– Réflexion sur notre façon de produire et notre modèle économique pour pouvoir adapter notre offre aux nouvelles règles, en limitant l’impact sur les vapoteurs. Cela va de la production de e-liquide au format uniquement 10ml à l’adaptation du matériel importé de Chine… Chez Fuu, nous travaillons activement sur ces points et nous sommes déjà prêts. »
LYC Vape (Boutique physique et en ligne) : « LYC dispose à la fois d’un réseau de boutiques et d’un laboratoire. Ainsi, en tant que fabricant, le volet e-liquides de la DPT est plus concret à anticiper : les recharges que nous élaborons et produisons sont déjà intrinsèquement prêtes pour cette directive ; en effet, les contenus, contenants, normes et avertissements sont respectés, nous avons d’ores et déjà banni les fioles de plus de 10 ml, nos taux de nicotine ne dépassent pas 20 mg/ml… Nous avons durement œuvré pour que nos e-liquides soient plébiscités par les vapoteuses et vapoteurs, et c’est aujourd’hui une de nos principales forces. Le souci majeur au niveau des e-liquides est clairement lié à toutes les notifications et études avant la mise sur le marché : en termes de financement et d’innovation, nos capacités seront alors nécessairement réduites. Nous avons ainsi ces derniers mois renforcé notre gamme « E-liquide du Sud-Ouest » avant qu’un certain immobilisme créatif ne nous soit imposé par la loi. Nous avons prévu et nous continuerons à investir dans ces surcoûts non négligeables, mais la question de la rentabilité pour certains produits se pose inévitablement et cela pourrait à court terme nous conduire à renoncer à une partie d’entre eux.
Le volet technique « e-cigarette » reste quant à lui plus énigmatique de notre point de vue car, bien que nous fassions parfois produire à notre nom, nous ne détenons pas d’usine. L’Europe étant un énorme marché, les marques les plus fortes sauront s’adapter au moins a minima pour satisfaire ses exigences, mais les entités les plus faibles risquent de disparaître, réduisant par conséquent le choix pour les consommateurs. Par exemple, limiter les réservoirs à 2 ml n’est pas insurmontable : il n’en reste pas moins que la logique d’une telle restriction nous échappe. »
Anonyme (Fabriquant de e-liquide Français) : « Rien de prévu dans l’immédiat. Concernant les liquides nous ne devrions pas être trop impactés. »
Kumulus Vape (Boutique physique et en ligne) : « Depuis 2012 nous avons énormément travaillé pour bâtir notre société et créer des emplois. Nous sommes à la fois vapoteurs et surtout entrepreneurs très investis. Chaque créateur d’entreprise connaît les difficultés et sacrifices que cela engendre. Nous avons par conséquent envisagé différents scénarios du plus pessimiste au plus optimiste de sorte à pouvoir rebondir en temps et en heure.
Une fin d’activité est hors de question, nous ne pouvons pas l’envisager tant nos responsabilités vis à vis de notre équipe sont importantes. Nous ne pouvons non plus pas imaginer la fin de la vape « libre », nous sommes nous mêmes convertis (anciens fumeurs) et avons réussi à débarrasser certains de nos proches de ce fléau qu’est le tabac. Au delà d’un métier la vape est devenue pour nous une réelle vocation.
La seule chose dont nous pouvons être certains est que nous ferons notre maximum pour continuer d’exercer au sein d’une vape… libre ! »
My Vapors Europe (Grossiste et boutique en ligne) : « Tout d’abord, lutter contre cette TPD afin d’amoindrir les contraintes, notamment via la FIVAPE (myVapors Europe est adhérent), qui fait un très bon travail de lobbying, avec des moyens sans aucune mesure comparés aux lobby du tabac. Ensuite, proposer des solutions et alternatives répondant à cette TPD, qui contraignent le moins possible le développement des e-cig, via la commission AFNOR (myVapors Europe est membre actif en tant qu’expert). Pour finir, nous adapter aux nouvelles exigences. »
Arômes E-cig (Boutique en ligne) : « En tant que spécialistes du DIY avec un conditionnement minimum de 100 ml ( 1 litre et 5 litres ) pour les bases, nous et nos clients allons être touchés de plein fouet par la limitation à 10ml du contenant. Nous fabriquons également des e-liquides en plus de 10ml ( 100ml, 500ml et 1 litre ) à tarif hyper compétitif. Le coût du conditionnement étant important dans ces produits, il est bien évident que dix fois 10 ml vaudront bien plus cher que une fois 100ml, sans parler de l’augmentation du poids de l’ensemble et donc du coût du transport et de la manutention de toutes ces petites fioles. Et que dire des bases DIY ? Les vendre en 10ml est simplement ridicule et économiquement inintéressant. Nous ne proposons pour l’instant pas tous nos arômes en liquides prêts à vaper, au vu de cette limitation, nous étendrons nos gammes de e-liquides au maximum. Quant au DIY, la partie arômes n’est pas concernée par la TPD, les bases en revanche, avec la double limitation à 10ml et moins de 20 mg/ml de nicotine, c’est un vrai casse-tête pour nous. Nous essaierons certainement des les proposer en 10 ml au tarif le plus intéressant possible, à défaut d’autre solution. »
E-liquide-fr Annemasse (Boutique physique) : « Je suis franchisé donc j’espère que la franchise proposera des produits appropriés. »
ÊTES VOUS INQUIET OU SEREIN QUANT A L’APRÈS DPT ?
Pour cette dernière question, nous avons souhaité prendre la température et surtout contrôler un peu le moral des acteurs du marché de la vape.
Union des artisans de la vape (Modeurs) : « Bien sûr nous sommes inquiets, nous ne savons pas ce qui va nous tomber dessus, si le texte est appliqué à la lettre, nous avons des raisons de l’être, le marché sera purement et simplement anéanti, seuls les gros groupes pourront être « tpd ready » les petits artisans qui font la qualité de la vape vont disparaître, nous retournerons au début de la vape soit 5 ans en arrière, avec du matériel inefficace, ce qui facilitera bien sur la vente de tabac. Nous savons bien sûr à qui cela profitera… Dans tous les cas tous les membres de l’union se disent être écœurés par ce que nos élus nous réservent. »
We Vap (Boutique physique et en ligne) : « Personnellement j’ai envie de dire qu’un gérant n’est jamais serein par définition : les aléas de la vie économique et juridique forment son quotidien ; c’est le recours à l’anticipation et aux bonnes décisions qui priment ! Concernant cette TPD, c’est indéniable, cette dernière nous fiche des bâtons dans les roues mais c’est à nous autres de continuer le combat.
Rassurons nous : Les vapoteurs convaincus sont des mordus de la vap’ et ils distillent une bonne image, il y a 400 000 fumeurs en moins, le matériel s’améliore de jour en jour et les liquides nous balancent des arômes de plus en plus fins et raffinés dans la tronche. Ce qu’il nous manque : des images fortes et représentatives. Un exemple ? La femme de Nicolas Sarkozy vap’. Je vous laisse imaginer le ressenti général du public si Mr Sarkozy se représente en 2017 et qu’il gagne… Pareil pour Mme Lepen… La Marine vapote… Que l’on aime ou pas sa politique, il faut avouer quelque chose : Le fait qu’elle vap’ ne peut qu’être positif ; dans un premiers temps parce que c’est une personne public et dans un second temps en terme de politique intimement liée à la vie juridique : Jamais une vapoteuse ou un vapoteur ne mettra des bâtons dans les roues de ce superbe produit, si eux-mêmes sont convaincus ! Ils nous faut des personnalités fortes qui vapotent. Chanteurs, acteurs, économistes, politiciens, grand patron, on s’en fout : il faut voir de la E-cig partout. »
Evaps (Boutique physique et en ligne) : « Les vapers expérimentés connaissent déjà l’après, ils savent qu’à partir de pièces détachées ils pourront continuer à vaper sans contrainte que ce soit au niveau des Mods ou du DIY (juice maison). Pour résumer la TPD permettra aux industriels du tabac de stopper l’hémorragie afin de récupérer l’actuel fumeur en passe de devenir « vapoteur ». A noter que l’encadrement au niveau des e-liquides devrait rassurer le consommateur sur les molécules inhalées, mais encore une fois il fallait bien rajouter un bémol avec une capacité maximum de 10ml… »
Elsass Funky Juice (Fabriquant de e-liquide Français) : « Nous sommes fabricants de liquide par passion de la vape mais en bon chef d’entreprise il y aura des décisions à prendre, et nous serons super tristes de jeter l’éponge… EFJ c’est une super entente avec ses partenaires shops, le fric même s’il vient largement derrière la passion, reste une notion importante pour exister, payer nos fournisseurs et nous donner un petit salaire… »
Iclope (Boutique en ligne) : « Nous ne sommes pas vraiment inquiets par les articles « techniques » (les flacons de 10 ml max, la vaporisation constante, le taux de nicotine…) on pourrait s’en sortir et cela ne nous parait pas le plus dramatique.
C’est surtout la partie « administrative » qui nous semble catastrophique. L’article 2 par exemple est tout bonnement impossible à réaliser… Il faudrait déposer un dossier ultra complexe (et dont nous n’avons pas toutes les informations) pour chaque produit que l’on souhaite mettre en vente. Rien que dans notre boutique qui est une « petite boutique », nous avons plus de 600 références et c’est impossible techniquement et financièrement de déposer 600 dossiers. De plus ce même article impose un délai de 6 mois pour autoriser la mise en vente. Ce qui est délirant pour un marché qui évolue autant que la cigarette électronique. Les clearomiseurs seront désuets avant d’être autorisés…
Nous pensons que ces 2 contraintes, délais et complexité du dossier, feront en sorte qu’il n’y aura au final que très peu de produits sur le marché, voire un seul. Celui proposé par une industrie forte et habituée à ce type de contrainte, l’industrie du tabac, qui a déjà sa cigarette électronique en vente qui répond à toutes les normes. Un dossier complexe et 6 mois de délais, il n’y aura plus qu’un seul produit en vente. De plus les contraintes administratives imposées dans la suite de la directive ou l’on nous demande de faire des études de santé public, de la recherche… sont également irréalisables pour l’ensemble des acteurs présents aujourd’hui en France. Encore une fois seule une industrie habituée à ce type de contrainte pourra faire ce genre d’étude et c’est clairement l’industrie du tabac la plus apte à le faire puisque ce sont exactement le même type de contrainte que depuis toujours pour le tabac. C’est pareil pour les liquides. Il n’y aura plus de liquides car les plus gros fabricants français (comme Alfaliquid) sont des PME et n’ont pas les moyens de faire ce type d’études et de dossiers.
Nous allons donc nous retrouver avec un unique produit « semi rechargeable » avec 3 arômes de recharge. Le produit que nous avions en 2010 avec des cartomiseurs pré remplis. Pour nous cette directive va donc tout simplement entrainer l’arrêt de tout le marché actuel pour ne laisser place qu’aux cigarettes électroniques des vendeurs de cigarettes. Pourquoi uniquement l’industrie du tabac ? Car ils sont habitués à ce genre de contraintes, c’est leur spécialité, et qu’ils ont une grosse avance sur tout le monde.
On pourrait imaginer qu’un gros industriel puisse faire de même mais il n’existe pas aujourd’hui, il aura trop de retard, ce ne sera pas son corps de métier et c’est dur d’être en concurrence directe avec l’industrie du tabac qui ne peut pas être mis dans la case des « gentils ».
Les fabricants chinois comme Joyetech ou Kanger ? Ils n’ont pas du tout le même budget que l’industrie du tabac et ne sont pas directement concernés par cette directive « européenne ». La Chine n’est pas non plus le genre de pays habitué à l’administration européenne et les délais de 6 mois seront catastrophiques pour leur modèle de développement consistant à créer un nouveau produit toutes les semaines. Nous ne pensons pas qu’ils aient l’envie et les épaules de rentrer la dedans. Et l’industrie du tabac a déjà commencé à racheter les industriels chinois.
Mais cette directive nous parait tellement délirante que l’on a du mal à penser que cela va se produire. Nous sommes peut-être un peu naïfs mais espérons que le « scandale » sorte bientôt dans les médias. Donner le monopole de la cigarette électronique à un vendeur de cigarette c’est un peu comme donner ses clés à un voleur pour qu’il surveille votre maison… c’est délirant. Cette industrie n’a aucun intérêt à ce que la cigarette électronique fonctionne et leur produit ne sera qu’un gadget pour continuer de fumer. Outre l’ensemble des emplois sacrifiés, cela veut également dire le retour au tabac de la quasi-totalité des vapoteurs, et aussi empêcher les fumeurs actuels de s’en sortir.
Cela est tellement gros, tellement évident, que nous avons toujours un peu l’espoir que l’état entende raison sur cette directive et la modifie. Nous sommes conscients qu’il faut peut-être légiférer un peu plus la cigarette électronique mais pas par ce texte qui est clairement commandité par l’industrie du tabac. Alors que faire ?
Le problème est qu’il est très compliqué de se battre contre le parlement européen et aucun acteur français n’est assez gros pour le faire aujourd’hui. Il faudrait des actions communes avec les fabricants, importateurs, distributeurs,… et parler un maximum du scandale que représente cette directive. Le mieux nous semble aujourd’hui de soutenir l’AIDUCE qui nous parait la meilleure association pour nous défendre. Il faut également continuer à développer un maximum le marché que ce soit de plus en plus compliqué de tout faire fermer d’un coup. On parle donc beaucoup de l’AIDUCE de notre côté. Nous mettons des prospectus dans la majorité de nos colis, nous publions beaucoup de news, envoyons des newsletters et continuons à nous développer comme si le marché allait continuer. Mais ce n’est pas assez et il faudrait vraiment que ce scandale sorte rapidement dans la presse. Voilà un peu notre avis sur la TPD… nous sommes donc très inquiets mais ce n’est pas encore opérationnel et nous avons encore un peu d’espoir. »
Fuu (Fabriquant de e-liquide Français) : » Nous sommes surtout en colère ! Les pouvoirs publics, malgré nos très nombreux échanges semblent faire l’autruche et refusent de voir la rupture majeure qu’est la vape dans la réduction des risques liés au tabagisme. Ils persistent à nous traiter comme un problème alors que nous faisons partie de la solution.
La directive européenne a été établie dans l’urgence et sous l’influence flagrante des lobbys du tabac et de la pharma. C’est une honte et nous n’allons pas nous laisser faire. Il y a des armes juridiques fortes à notre disposition et nous allons les utiliser. Nous sommes cependant très inquiets et attentifs à toutes les solutions qui nous permettront de sortir de l’impasse dans laquelle les pouvoirs publics veulent mettre la vape. La mobilisation des utilisateurs va être déterminante et nous devons être soudés pour défendre la vape, qui pour le moment, continue à s’en prendre plein la tête et est sous le feu des lobbys du tabac et de la pharma. »
LYC Vape (Boutique physique et en ligne) : » Il n’y a aucune raison d’être serein. Les contraintes sont particulièrement lourdes et certains critères apparaissent soit tout simplement abscons soit très difficiles à surmonter : l’obligation de délivrance de la nicotine de façon constante ou la revendication de cigarettes électroniques incassables figurent parmi ces conditions. Quant à la charge de collecter des données statistiques, elle est pour notre société en bonne voie, mais il reste encore du travail.
Le marché pourrait aussi s’affaiblir de par l’arrêt de la publicité, l’interdiction des ventes transfrontalières et de potentielles futures taxes ; l’avenir des vapot’s électroniques rechargeables est également en suspens, car des dispositions sont déjà prévues pour parvenir à les exclure : ceci aurait des répercussions dangereuses pour notre société, qui de surcroît est une entreprise sous-traitante pour la conception et la production d’e-liquides. Il ne resterait alors plus qu’à s’allier à des fabricants ou à produire nous-mêmes des cigarettes non rechargeables pour survivre, or actuellement ce n’est pas notre métier et, contrairement aux recharges liquides ou au conseil en e-cigarette, nous ne sommes aujourd’hui pas experts dans ce domaine. Enfin, s’associer à l’industrie du tabac apparaît plus que compromis tant que le discours de Big Tobacco restera aussi fermé. En qualité de société pionnière de la e-cig en France depuis 2007, nous tiendrons quoiqu’il en soit le cap et, tant que nos clients resteront avec nous, nous ne les abandonnerons pas. »
Anonyme (Fabriquant de e-liquide Français) : « Mais nous sommes quand même inquiet car si plus de shop, quasi plus de ventes… Pour l’instant est-ce-que le texte sera adopté stricto sensus ou aurons nous droit à un texte mini ? Ce qui est sûr c’est que l’état mettra un paquet de monde sur la touche si c’est adopté en l’état. Peut il se le permettre… »
Kumulus Vape (Boutique physique et en ligne) : « Cela s’annonce plus que jamais compliqué tant les autorités sont réticentes à notre égard. Comment être sereins avec une telle épée de Damoclès au dessus de la vape ?
Bien que nous connaissions le contenu de la TPD (qui signifie clairement la fin de la vape telle que nous la vivons aujourd’hui) nous espérons que les combats actuels menés par la FIVAPE, le CACE, divers médecins et spécialistes ainsi que de nombreux vapoteurs militants aboutissent. L’aveuglement des politiques à l’égard de la vape n’est pas innocent et nous le savons bien. Le travail de lobbying effectué dans un premier temps à Bruxelles puis au sein des différents pays membres de la zone Euro a très rapidement payé. Nous ne nous battons pas avec les mêmes armes. Malgré ce constat très alarmiste et sur le papier clairement décourageant nous ne pouvons cesser d’y croire car nous disposons d’arguments solides. Outre les arguments de nature sanitaire, et nous savons qu’ils sont nombreux, certains éléments économiques (principalement l’emploi) seront aussi à prendre en considération. Aucun combat n’est perdu d’avance mais cela passera clairement par une mobilisation beaucoup plus grande et un nouveau passage « dans la rue » (en nombre !) sera indispensable. »
My Vapors Europe (Grossiste et boutique en ligne) : « Si on se positionne du côté santé publique et de tous les bienfaits que procurent la e-cig, qui est notamment de plus en plus reconnue par le corps médical et instances indépendantes, je suis confiant pour un allègement de la TPD, vers une réglementation plus saine pour les consommateurs et les acteurs du marché.
Cependant, le lobbying du tabac est très puissant. Malgré les 78000 morts par an en France et une estimation de 1 milliard de morts au 21ème siècle (!!!), nous voyons que l’état n’arrive pas ou ne veut pas appliquer les réformes nécessaires pour limiter cette première cause de mortalité évitable au monde (paquet neutre, augmentation du paquet de +10%…). Bref, nul ne sait prévoir l’avenir. Une seule chose est sûre, nous devons continuer le combat ! Une révolte des consommateurs face à cette TPD, synonyme de retour au tabac si application de la TPD dans l’état, pourrait fortement jouer dans la balance. »
Arômes E-cig (Boutique en ligne) : « Nous sommes très inquiets de l’après TPD avec ses limitations contraire à ce que les utilisateurs utilisent pour arrêter de fumer et avoir un vapotage correspondant à leurs attentes. Comment penser que ces mesures, telles que 2ml maximum pour les clearomiseurs, 10ml maximum pour les contenants nicotinés, interdiction de publicité favoriseront le vapotage par rapport au tabac ? A ceci se rajoute en France la punition que nous subissions déjà étant fumeurs, aller vapoter à l’extérieur… Après des décennies d’échec, un produit faisait enfin arrêter les gens de fumer. Cela était trop beau, au lieu de l’encenser comme l’invention du siècle, voilà ce que l’Europe et la France en ont fait… »
E-liquide-fr Annemasse (Boutique physique) : « J avoue que la mise en application est un peu inquiètante si elle se fait dans les termes prévus aujourd’hui. j espère sincèrement que les politiques reviendront à la raison quant à cette mise en application. »
Nous aurions souhaité avoir plus de témoignages et de réponses mais beaucoup de boutiques, de fabricants n’ont malheureusement pas répondu à notre requête. Si vous êtes un acteur du marché de la vape et que vous souhaitez apporter votre avis, n’hésitez pas à le faire en commentaire de cet article.
Un grand merci à « L’union des Artisans de la vape« , « We Vap« , « Evaps« , « Elsass Funky Juice« , « Iclope.com« , « Fuu« , « LYC Vape« , « Kumulus Vape« , « My Vapors Europe« , « Arômes E-cig« , « E-liquide-fr Annemasse » et aux contributeurs qui ont souhaité rester anonymes.
Le combat contre la transposition de la directive tabac est loin d’être terminé et il est toujours possible de vous renseigner et de militer auprès des associations de défense de la e-cigarette.
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