Dr Farsalinos : Le principe de précaution en attendant.

Dr Farsalinos : Le principe de précaution en attendant.

Aprés une journée mouvementée ou le débat et la panique se sont installés dans la communauté avec « l’affaire du dry-burn », le Dr Konstantinos Farsalinos a souhaité réagir via son son site « E-cigarette-research« , voici sa réponse :

« Par le Dr Farsalinos et Pedro Carvalho (expert en science des matériaux)

Il y a eu beaucoup de discussions à propos de ma déclaration lors de l’interview vendredi 22 mai à la radio de RY4 en ce qui concerne le fait  de faire rougir une résistance (Dry-burn). C’est un processus dans lequel les vapoteurs préparent leurs résistances en appliquant beaucoup de puissance à la résistance sans mèche ni e-liquide en la chauffant jusqu’au rouge éclatant. Les principaux objectifs de cet opération sont de :

a) Vérifier la répartition homogène de la température sur toute la longueur de la résistance.
b) Éviter les points chauds.
c) Nettoyer le métal des résidus dus à la fabrication ou à cause de l’utilisation précédente.

Pendant mon entrevue, j’ai mentionné le fait que de chauffer une résistance à blanc n’était pas une bonne idée et ce, dès la première tentative. Depuis, j’ai reçu beaucoup de réponses, de courriers électroniques et de demandes de vapoteurs afin d’apporter des précisions sur ce point, de fournir des preuves et d’expliquer les questions relatives à ce processus. J’ai également reçu des fiches de données et les spécifications des métaux utilisés pour les résistances, et démontrant qu’elles sont stables à des températures extrêmes (généralement 1000 °C ou plus).

Tout d’abord, je dois dire que les réactions de la communauté de Vape sont un peu exagérées. Je n’ai jamais dit que d’utiliser le « dry-burn » rendait la vape plus nocive que de fumer. Évidemment, certains vapoteurs qui sont habitués à le pratiquer depuis longtemps n’ont évidemment pas apprécié ma déclaration. Mais s’il vous plaît, n’oubliez pas que mon rôle n’est pas de dire ce que tout le monde attend, mais de dire comment sont les choses réellement. Pour mieux expliquer ma déclaration, j’ai invité Pedro Carvalho, un expert en sciences des matériaux avec une bonne expérience sur la structure métallique, sa composition et sa dégradation. Pedro a également une connaissance approfondie sur les e-cigarettes et est relativement connu dans la vape au Portugal et à l’étranger. Cette déclaration a été préparée conjointement par Pedro Carvalho et par moi-même.

Les vapoteurs devraient se rendre compte que les métaux utilisés pour la conception des résistances ne sont pas faits pour être en contact direct avec un liquide de manière continue, pour évaporer un liquide sur leurs surfaces et être inhalé directement par une personne. On se trouve dans un phénomène complétement différent de ce que les spécifications du métal peuvent suggérer. Nous savons maintenant que des métaux ont été détectés dans la vapeur créée par l’e-cigarette. Williams et al. ont trouvé du chrome et du nickel qui venait de la résistance elle-même, et cela même si la résistance n’a pas subi de dry burn. Bien que nous ayons expliqué dans notre analyse l’évaluation des risques et le fait que les niveaux trouvés n’étaient pas une préoccupation importante de santé, cela ne signifie pourtant pas que nous devrions accepter une exposition inutile même si infime.

Pour un « Dry-Burn », les résistances chauffent à des températures bien au-dessus 700 °C (nous avons mesuré deux températures dans ces conditions). Ceci devrait avoir des effets importants sur la structure du métal et des liaisons entre ces atomes. Ce traitement thermique en présence d’oxygène favorise l’oxydation de la résistance, change la taille des grains des métaux ou de l’alliage, aide à la création de nouvelles liaisons entre les atomes métalliques, etc… Pour comprendre, nous devons aussi intégrer le fait du contact continu de la résistance avec un liquide. Les liquides peuvent avoir des propriétés corrosives sur les métaux, ce qui peut en outre affecter leurs structures moléculaires et l’intégrité du métal. Enfin, le vapoteur inhale directement cette vapeur à partir de la résistance elle-même. Tous ces facteurs peuvent contribuer à la présence de métaux dans la vapeur. La plupart des matériaux qui sont utilisés dans la e-cigarette ne sont pas prévus pour. Dans ce cas spécifique, le fil résistif est développé et utilisé comme composant chauffant résistant à de hautes températures même si aucun vecteur ne peut transporter les particules oxydées de métal dans le corps humain. Cela ne signifie pourtant pas qu’il peut être utilisé dans la vape de la même façon.

Plusieurs études ont démontré que l’oxydation du chrome peut se produire à une température équivalente au processus d’un « Dry Burn » [a, b, c]. Bien que ces études montrent la formation d’un oxyde de chrome moins nocif, Cr2O3, nous ne pouvons pas exclure la formation de chrome hexavalent. Les composés de chrome hexavalent sont utilisés de diverses manières dans l’industrie et sont souvent utilisés pour leurs propriétés anti-corrosives dans les revêtements métalliques, peintures de protection, colorants et pigments. Le chrome hexavalent peut également être formé lors de l’exécution d’un «travail à chaud», comme le soudage de l’acier inoxydable [d, e], la fonte du métal et du chrome ou la chauffe de briques réfractaires dans les fours. Dans cette situation, le chrome n’est pas d’origine sous la forme hexavalente. De toute évidence, nous ne prévoyons pas de telles conditions et au même niveau pour les e-cigarettes, mais certaines preuves démontrent que la structure métallique peut changer et que nous pourrions retrouver des métaux dans la vapeur des e-cigarettes. Compte tenu de tous ces faits en considération, nous croyons que cette procédure de « dry-burn » devrait être évitée si possible.

Est-ce que l’exposition aux métaux est importante pour un dry burn sur une résistance ? Probablement peu. Voilà pourquoi nous pensons que les vapoteurs ont sur-réagi à ma déclaration sur RY4radio. Cependant, nous ne voyons pas l’intérêt d’être exposé aux métaux de façon élevée si il est possible de faire quelque chose pour l’éviter. Il peut y avoir d’autres façons de traiter les questions liées aux résistances. Nous pensons qu’il serait préférable de passer un peu de temps à faire une nouvelle résistance plutôt que de la nettoyer en faisant un « dry burn ». Si vous voulez éliminer les résidus du processus de fabrication du kanthal, vous pouvez utiliser des alcools et de l’eau pour nettoyer le fil avant de préparer la résistance. Si vous sentez que le montage peut présenter des points chauds, vous pouvez toujours baisser votre niveau de puissance de quelques watts, ou passer plus de temps à préparer votre résistance. Évidemment, si vous voulez exploiter et utiliser tous les watts qu’un appareil peut vous donner, alors vous trouverez peut-être impossible de le faire sans « dry-burn » de la résistance. Mais alors, ne vous attendez pas à être exposés aux mêmes niveaux de substances nocives que les vapoteurs qui ne le font pas. Autre chose : si vous voulez consommer 15 ou 20 ml par jour en faisant du sub-ohm en inhalation directe, ne vous attendez pas à être exposés à des quantités similaires de produits chimiques nocifs que si vous avez une utilisation conventionnelle (même par inhalation directe ) en consommant 4 ml par jour. Ceci est juste du bon sens. Nous devons et nous allons effectuer des recherches afin de quantifier l’exposition (qui nous semble pas très élevée), mais jusque-là, invoquons le principe de précaution et le bon sens.

Nous confirmons notre opinion et pensons évidemment que de faire des  « dry burn » sur les résistances ne fera pas de la vape un acte similaire ou plus dangereux que celui de fumer. Que cela soit clair,  il n’y a pas besoin de plus de réactions. Cependant, nous devrions atteindre un point ou les e-cigarettes ne doivent pas seulement être comparées au fait de fumer (ce qui est un très mauvais comparateur) mais doivent être évaluées dans des conditions absolues. Si quelque chose peut être évité, les vapoteurs doivent être conscients pour qu’ils puissent justement l’éviter. »

Sources : E-cigarette research Traduction par Vapoteurs.net

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A propos de l'auteur

Rédactrice et correspondante Suisse. Vapoteuse depuis de nombreuses années, je m'occupe principalement de l'actualité suisse.