E-CIG : « Elle aide a divorcer du tabac » selon le Dt Brette.

E-CIG : « Elle aide a divorcer du tabac » selon le Dt Brette.

Risque d’accoutumance pour les jeunes qui y voient un nouvel objet tendance, plus cancérigène que le tabac pour ses détracteurs qui mettent en avant à long terme l’effet nocif des conservateurs et autres adjuvants… la cigarette électronique qui a vu le jour en Chine en 2005 et Europe en 2007 suscite encore et toujours débat.

Il y a quelques jours la Seita a commercialisé sa propre e-cigarette, la JAI (ou Jaï pour faire plus branché) a la taille d’une cigarette classique avec un bout lumineux.
Impérial Tabacco, la maison mère de la Seita vise 10 % du marché annuel de la cigarette électronique (en France il représente 400 M€). Sa distribution sera assurée en exclusivité par 14 000 buralistes à qui on a promis une marge supérieure à celle réalisée sur la vente du traditionnel paquet de blondes.

Des débitants qui se frottent les mains, car c’est aussi pour eux l’occasion de fidéliser une clientèle, les études montrent que 70 % des vapoteurs continuent à fumer en parallèle.
Nous avons rencontré le docteur Jean-Philippe Brette, addictologue au Centre Hospitalier du Val d’Ariège. Ce spécialiste met en avant une série d’articles parmi lesquels un récent dossier de vulgarisation sur 60 Millions de Consommateurs (n° 500 de janvier 2015) qui liste les atouts et les faiblesses de la cigarette électronique dans son bras de fer contre le tabac.

La e-cigarette déroute, elle est devenue un moyen de sevrage tabagique très populaire en quelques années à peine. Un engouement qui contraste avec la méfiance des autorités de santé qui rappellent que la cigarette électronique n’est ni un dérivé du tabac ni un médicament, mais bien, pour le moment, un produit de consommation courante.


LA E-CIGARETTE : UNE BÉQUILLE POUR ARRÊTER DE FUMER 


Pour le Dt Brette il n’y a pas photo, c’est une aide contre a tabac, mais pas un produit miracle: «il n’y a pas de goudrons, ni de métaux lourds irritants et cancérigènes dans la vapeur d’eau que l’on respire, pas de monoxyde de carbone (ni autre gaz toxique) inhalé, cependant on ne connait pas les effets à long terme des arômes sur la santé.

Une étude a circulé récemment dans la presse sur certaines cigarettes électroniques susceptibles d’émettre des substances toxiques (l’acroléine). Elle a été contestée, certains ont soupçonné l’industrie cigarettière et pour le Professeur Dautzenberg (Office français de prévention du tabagisme) la cigarette électronique ne sera jamais un produit anodin.
Ce que l’on peut dire d’après les témoignages des vapoteurs, c’est qu’elle est agréable, elle est faite pour reproduire les sensations de la fumée du tabac au niveau des muqueuses ORL (bouche, glotte) sans en avoir les désagréments artériels».

Avec actuellement deux millions d’utilisateurs quotidiens (entre 7,7 et 9,2 millions d’expérimentateurs en novembre 2013) la cigarette électronique est devenue un objet tendance, pour preuve l’offre de formes, de couleurs, de dimensions proposées dans les boutiques spécialisées qui éclosent comme des champignons partout en Ariège ou sur Internet.

Pour Jean Philippe Brette, «il n’y a pratiquement pas de risque à court et moyen terme pour l’usage dans des conditions normales et avec des produits suffisamment contrôles par les pouvoirs publics».
En 2015 une cinquantaine de produits circulent dans le commerce : des liquides sans nicotine ou avec nicotine dont le dosage peut varier : de 5 ou 6mg/ml de nicotine ou un dosage de 16 à 18mg/ml de nicotine.

Selon l’étude de 60 Millions de Consommateurs qui a testé et analysé la composition d’une vingtaine de e-liquides, les teneurs en nicotine sont fiables, mais ce n’est pas toujours le cas pour les concentrations de propylène glycol et de glycérine. Par ailleurs la présence d’arômes susceptibles d’attirer les plus jeunes appelle à la vigilance (Barbapapa, vanille, pomme verte… etc.).

On compte environ 14 millions de fumeurs en France et 73 000 morts par an des causes du tabac (tabagisme actif ou passif). Un chiffre dont il faut se souvenir et au regard des problèmes de santé qu’engendre le tabac, vapoter parait bien dérisoire au regard des risques cardiovasculaires, respiratoires et cancérologiques de la cigarette traditionnelle.


ATTENTION AUX PRATIQUES MIXTES


«C’est un produit addictogène et non addictolytique par la gestuelle identique à celle du tabagisme, par la nicotine dans les produits avec nicotine» précise le Dt Brette.

Avec une gestuelle identique, un dosage nicotinique, on entretient une dépendance comparable au tabac avec des produits des centaines de fois moins nocifs.
En définitive c’est le transfert d’un objet sur un autre, mais la dépendance nicotinique est loin d’être réglée. Nous avons observé les mêmes troubles du comportement sur un ancien gros fumeur qui est pourtant passé depuis six mois à l’e-cigarette dosée à 18mg/ml de nicotine que sur un gros fumeur au début d’une période de sevrage.

«Avec deux dosages, c’est compliqué de diminuer surtout quand on est conditionné à se faire plaisir», poursuit le médecin.

La cigarette électronique n’est pas la solution miracle contre le tabac, même les plus ardents défenseurs le concèdent, mais un de ses avantages (et non des moindres) c’est qu’elle intéresse des fumeurs qui n’ont pas envie d’arrêter de fumer. Et la cigarette électronique permet de sortir du tabac par le plaisir.

Pour autant l’utilisation de ce substitue peut également induire un «usage mixte» reconnait le spécialiste (tabac et e-cigarette) qui engendre des « vapofumeurs » soit plus de 50 % des usagers de la e-cigarette.

«Malgré ce que les vapoteurs cherchent (le sevrage), la plupart vont devenir des vapo-fumeurs qui culpabilisent avec une cigarette puis passent à la e-cigarette..bref ils ont moins de chance de réussir leur sevrage»


UNE PORTE D’ENTREE VERS LE TABAGISME ?


Un accessoire de mode, un objet commercial qui peut également constituer une porte d’entrée au tabac pour les très jeunes (12-14 ans): «9 % des expérimentateurs déclarent n’avoir jamais ou presque fumé de tabac et certains vont commencer par ça» poursuit Jean Philippe Brette qui s’interroge sur le contrôle de la vente de tels produits: «les boutiques qui ont pignon sur rue demande-t-elles les cartes d’identité des jeunes qui achètent ces produits ?»

Parmi les inconvénients listés par les professionnels de la santé le manque d’étude sur du long terme revient de manière récurrente, notamment sur les conservateurs et adjuvants.

«De plus ce n’est pas un traitement approprié dans l’aide au sevrage comme l’est et l’a toujours été la substitution nicotinique classique depuis 20 ans (patch, comprimés, gommes) ; avec ces procédés classiques, 30 % des usagers réussissent à se sevrer du tabac la première fois et 35 % y parviennent avec le Champix (sous surveillance médicale).
La forme orale (tablettes, comprimés remboursés par la sécurité sociale sur une base de 50 €) constitue un bouclier de protection, elle sécurise, donne le courage de continuer et progresser dans le sevrage… un bon sevrage tabagique c’est un divorce avec le tabac.

La motivation personnelle doit être en béton et la méthode rigoureuse».
Le Docteur Brette avoue que l’utilisation massive de la cigarette électronique a fait diminuer les traitements de sevrage classiques «c’est l’effet de séduction et de liberté,  car il n’y a pas d’accompagnement médical». De nouvelles pratiques qui ont également fait fléchir les consultations en tabacologie hospitalière, mais c’est un autre débat.

Source : ariegenews.com/

Com Inside Bottom
Com Inside Bottom

A propos de l'auteur

Directeur général du Vapelier OLF mais également rédacteur pour Vapoteurs.net, c'est avec plaisir que je sors ma plume pour partager avec vous l'actualité de la vape.