Le marché de la cigarette électronique n’est plus ce qu’il était. Après quatre années d’une croissance folle, 2015 a vu la fermeture d’environ 500 boutiques en France. Il en reste aujourd’hui 2.000, les plus « professionnelles ». À l’instar de Cigatec, à Brest, un indépendant.
« Je suis partie de 16 milligrammes de nicotine et, en deux ans, je suis presque à zéro tellement j’ai été bien conseillée. » Magali fait partie de ceux que la cigarette électronique a permis d’arrêter le tabac. Depuis un an, cette jeune femme n’a plus touché à une cigarette. « Ça a tout changé. J’ai retrouvé mon odorat, mon goût, mon souffle. Le goût de la cigarette m’est devenu intolérable. » Elle en voue une reconnaissance presque éternelle à Olivier Dervout, le gérant des lieux.
Ce passionné de la vape a été le premier à ouvrir une boutique de cigarettes électroniques à Brest. Un commerce indépendant et qui l’est encore. C’était il y a trois ans et demi. Le vapotage n’en était qu’à ses débuts. Seule sur la place, l’enseigne a bénéficié à plein, pendant quelque temps, de l’engouement qu’a tout de suite suscité cette cigarette d’un nouveau genre. Devant la boutique, certains jours, les clients faisaient même la queue sur le trottoir. De quoi faire s’envoler le chiffre d’affaires.
« Ça semblait facile »
Mais très vite, attirés par les promesses de gain facile, des concurrents se sont installés. Un, puis deux, puis quatre… Jusqu’à une quinzaine de boutiques se sont ouvertes. « À l’époque, ça semblait facile », observe le gérant de Cigatec. N’importe qui ou presque, séduit par ce nouvel eldorado commercial, s’improvisait vendeur de cigarettes électroniques. Ce qui devait arriver est arrivé : ce grand nombre d’ouvertures a fragilisé toutes les boutiques. Y compris celle d’Olivier Dervout. « On a souffert, la concurrence a fait baisser les prix, nos marges se sont réduites. »
« On est sorti de l’éphémère »
Plus embêtant encore, certaines boutiques, avant de devoir mettre la clé sous la porte, ont vendu tout et n’importe quoi, causant beaucoup de tort au secteur. Aujourd’hui, après une année 2015 difficile, le secteur semble avoir retrouvé un certain équilibre même si la crise de croissance n’est sans doute pas encore totalement terminée. Mais Olivier Dervout se dit optimiste. Un nouveau souffle est même possible. « On est sorti de l’éphémère et de l’effet de mode. On est dans une vraie pratique avec des gens qui se rééquipent. »
Les vapoteurs sont devenus aussi de plus en plus exigeants. « Il y en a même pour qui la cigarette électronique est devenue un véritable hobby ». Ces passionnés représentent aujourd’hui 15 % de la clientèle de la boutique d’Olivier Dervout. Pour eux, rien n’est trop beau et ils peuvent mettre plusieurs centaines d’euros dans une « box électronique » qui peu à peu, mange le marché des tubulaires. Le gérant de Cigatec l’a bien compris qui a ouvert un atelier à Concarneau pour fabriquer, lui-même, des box de très haut de gamme, dont certaines en bois. Une chose est sûre, les boutiques qui tiendront seront celles qui proposeront un conseil de qualité avec des vendeurs capables de s’y retrouver dans les milliers de produits qui inondent le marché.
Rhum épicé ou pommes caramélisées
Le secteur fait preuve d’une grande créativité. À côté des produits grand public qui viennent de Chine, tout un artisanat s’est développé. Rien que dans sa boutique, Olivier Dervout propose pas moins de 200 liquides dont certains aux saveurs très particulières. On est carrément dans le registre gastronomique. Certains clients peuvent rester plus d’une heure à hésiter entre un « rhum épicé avec de la pêche blanche » et une « tourte aux pommes caramélisées avec un peu de cannelle et une pointe de liqueur ». Mais cette créativité, craint Olivier Dervout, risque d’être bridée par la circulaire que prépare Bruxelles. « C’est dommage, on va faire replonger beaucoup de gens dans le tabac. »
Source : letelegramme.fr