Il y’a quelques jours, Hyun-Wook Lee, un chercheur de l’Université de New-York a publié une étude sur l’impact de l’aérosol de la cigarette électronique sur les cellules humaine et de souris. Selon cette étude, l’e-cigarette pourrait s’avérer nocive pour les paramètres du cœur et des vaisseaux, et donc provoquer une vasoconstriction, une augmentation de la tension artérielle, du rythme cardiaque ainsi que de la rigidité artérielle. Pourtant, plusieurs scientifiques spécialistes du vapotage n’ont pas tardé à dénoncer le protocole de cette étude qui semble accuser une fois de plus à tord le fameux dispositif.
CANCER, MALADIES CARDIAQUES… QUAND LA PRESSE CONDAMNE L’E-CIGARETTE SANS PREUVE !
Autant vous dire qu’avec une telle opportunité de buzz, l’AFP (Agence France Presse) et une bonne partie des médias se sont jetés sur le dossier comme des morts de faim sans même prendre le temps de contacter quelques scientifiques en Europe. Depuis hier soir, on retrouve partout le même titre « La cigarette électronique accroîtrait le risque de certains cancers en plus des maladies cardiaques » avec un contenu pré-maché par l’AFP.
« D’après certaines publications scientifiques, l’e-cigarette pourrait s’avérer nocive pour les paramètres du cœur et des vaisseaux, et donc provoquer une vasoconstriction, une augmentation de la tension artérielle, du rythme cardiaque ainsi que de la rigidité artérielle. En l’occurrence, tous des paramètres dont on sait qu’ils sont corrélés à la santé cardiovasculaire.
Quoi qu’il en soit, d’après les récents travaux de chercheurs de la faculté de médecine de l’université de New York, publiés lundi dans les Comptes-rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS), fumer des cigarettes électroniques pourrait accroître le risque de certains cancers ainsi que de maladies cardiaques. En effet, selon les résultats préliminaires d’une étude effectuée sur des souris et des cellules humaines en laboratoire, la vapeur de nicotine serait peut-être plus nocive qu’on ne le pensait.
De ces travaux, il ressort que, exposés au vapotage pendant douze semaines, les rongeurs ont aspiré de la vapeur de nicotine équivalente en dose et durée à dix ans de vapotage pour les humains ! A l’issue de cette expérience, les scientifiques ont constaté « des dommages dans l’ADN des cellules des poumons, de la vessie et du cœur de ces animaux ainsi qu’une réduction du niveau de protéines réparatrices des cellules dans ces organes comparativement aux souris qui avaient respiré de l’air filtré pendant la même période« .
Et ce n’est pas tout: des effets néfastes similaires ont été observés dans des cellules humaines de poumon et de vessie exposées en laboratoire à de la nicotine et à un dérivé cancérogène de cette substance (nitrosamine). Ces cellules ont subi notamment des taux plus élevés de mutations tumorales.
« Bien que les cigarettes électroniques contiennent moins de substances carcinogènes que les cigarettes conventionnelles, le vapotage pourrait présenter un risque plus grand de contracter un cancer pulmonaire ou de la vessie ainsi que de développer des maladies cardiaques« , écrivent les chercheurs dont le Pr Moon-Shong Tang, professeur de médecine environnementale et de pathologie à la faculté de médecine de l’université de New York, le principal auteur. »
Alors doit-on s’inquiéter de cette étude qui passe en boucle sur les chaînes d’informations et dans les médias papiers et en ligne ? Pas si sur…
« UNE METHODE QUI N’IMITE PAS DU TOUT DES CONDITIONS NORMALES D’UTILISATION »
Ce n’est pas parce que les médias généralistes n’en parlent pas que les scientifiques spécialistes du domaine n’ont pas leur mot à dire ! Et comme souvent après la publication d’une étude, certaines voix se font entendre !
Et autant préciser tout de suite que l’on peut facilement faire dire ce que l’on veut à une étude dont la « méthode n’imite pas du tout des conditions normales d’utilisation« .
Sur un article du site US News, Moon Shong Tang, co-auteur de la fameuse étude a déclaré « Nous avons trouvé que l’aérosol d’e-cigarette sans nicotine ne provoque aucun dommage à l’ADN« précisant par la suite que « Le e-liquide avec nicotine a provoqué des dommages similaires à la nicotine seule« . En clair, ce serait la nicotine le problème et non le e-liquide ? Etonnant non ? Celui ci affirme même que les dommages constatés avec ces doses de nicotine pour une souris seraient équivalents à ceux constatés chez les humains avec le tabagisme passif. Il précise dans US News qu’avec les données en leurs possessions il n’est pas possible d’affirmer d’éventuelles conséquences cancéreuses.
De nombreux autres scientifiques se sont également emparés du sujet comme le Pr. Peter Hajek, directeur de l’unité de recherche sur la dépendance au tabac de l’Université Queen Mary de Londres qui déclare :
« Les cellules humaines ont été submergées dans de la nicotine et dans des nitrosamines carcinogènes achetées sur le marché. Il n’est pas surprenant bien sûr que cela endommage les cellules, mais cela n’a aucun rapport avec les effets du vapotage sur les personnes qui l’utilisent. »
Pour le professeur Riccardo Polosa de l’Université de Catane, il y’a clairement un problème dans la méthodologie utilisée :
« La méthode décrite par les auteurs n’imite pas les conditions normales d’utilisation des produits de vapotage. Les conditions reproduites dans ces expériences sont exagérées et favorisent la production de substances toxiques . Nos études sur des patients souffrant de maladies pulmonaires démontrent non seulement l’absence de dommages mais mettent en évidence les mêmes améliorations qui peuvent être obtenues en arrêtant de fumer « .
Pour finir, il apparait qu’au cours de l’expérience, chaque souris a inhalé jusqu’a 20 000 bouffées par jour alors qu’en condition normale un humain est entre 200 et 300 bouffées. Rien que cette donnée suffirait à faire comprendre que l’étude présentée par Hyun-Wook Lee n’est pas bien sérieuse.
Source : Lalibre.be – Theguardian.com – Us News – Vapolitique – Pnas.org
Information publié par AFP –