Au mois de Février, nous étions en mesure de vous annoncer a travers l’un de nos articles la première étude indépendante sur la e-cigarette en France. Cette étude dirigée par le docteur Ivan Berlin a pour but de comparer le Champix à la e-cigarette dans le cadre du sevrage tabagique. Après quelques mois, nous en savons plus grâce à l’appel d’offres rendu public cet été et malheureusement les doutes émis au départ semblent se confirmer.
UNE ÉTUDE QUI COMPARE LE CHAMPIX ET LA E-CIGARETTE.
Ce projet de recherche qui porte le nom de « ECSMOKE » sera menée par l’Assistance Publique des Hôpitaux de paris. Les résultats de cette étude sont attendus pour 2019 car celle ci va s’étaler sur une période de deux ans. L’idée, c’est de comparer la cigarette électronique à un médicament qui, lui, a démontré son efficacité malgré certains effets secondaires, à savoir le Champix.
Pour cela, l’équipe de chercheurs, pilotée par le docteur Ivan Berlin (pharmacologie), de la Pitié-Salpêtrière, va recruter à partir de septembre 700 fumeurs âgés de plus de 18 ans. Les fumeurs seront répartis au hasard et sans le savoir en trois groupes : certains prendront le médicament, d’autres une cigarette électronique avec de la nicotine, et les derniers, un placebo. Au bout de trois mois, les chercheurs étudieront ce qui a le mieux fonctionné. En clair, quel groupe contient le plus de personnes ayant arrêté « complètement » de fumer.
UN MILLION D’EUROS POUR UNE ÉTUDE BIAISÉE D’AVANCE ?
Pour cette étude, il a évidemment fallu trouver le matériel adéquate, pour cela une consultation à été lancée en Juillet afin de récupérer de 1 000 cigarettes électroniques, 600 batteries, 3 000 résistances et 35 000 bouteilles d’e-liquides. Si dans un premier temps, tout cela peut s’avérer assez positif, certains éléments s’avèrent problématiques et prouvent que l’étude sera faussée avant même d’avoir démarrée :
– Les participants des deux groupes qui utiliseront la e-cigarette auront uniquement accès à un arôme “tabac blond”. Étonnant qu’il n’y ai aucun autre choix d’arôme quand on sait que beaucoup de vapoteurs consomment des e-liquides « fruités » ou encore « mentholés ». Cette obligation d’utiliser un arôme « tabac blond » pourrait tout simplement rebuter une partie des participants pour une simple question de « goût »….
– Pour ceux qui auront la e-cigarette (et pas le placebo), le taux de nicotine sera plafonné entre 10 et 16 mg/ml, un choix qui reste encore à définir par les chercheurs. Et encore une fois, on se demandera pourquoi mettre tout le monde dans le même panier ? Chaque fumeur à des besoins spécifiques et il est clair qu’en imposant un taux de nicotine pour tous certains se retrouveront en surdose ou en manque. Un véritable constat d’échec en vue…
– L’AP-HP à pour idée d’imposer un choix de matériel complétement farfelu, une « cigarette électronique complète » de 3ème génération type « box ouverte » avec étui qui possède une puissance théorique maximale de 6 à 9 Watts. Celle ci devra avoir une puissance réglable, le contrôle de température et posséder de nombreuses informations. Finalement, celle ci devra utiliser des résistances de de 1,5 à 2 ohms. En clair, l’AP-HP propose d’utiliser pour l’étude une e-cigarette qui n’existe tout simplement pas encore sur le marché. On se demande bien ou ils vont la trouver…
Avant même que cette étude démarre, les questions s’avèrent nombreuses et les réponses ne nous donnent vraiment pas envie d’être optimistes. Le ministère de la santé a tout de même alloué un budget d’un million d’euros pour cette étude sur la e-cigarette et même si les résultats sont prévus pour 2019, nous sommes clairement en droit d’attendre des résultats concrets. La e-cigarette ne peut être traitée comme un médicament et prendre conseil auprès de spécialistes aurait pu être une idée intéressante pour Ivan Berlin malheureusement il semble que cette idée n’aie pas été suivie.