UNE ETUDE SUR LES PRODUITS CHIMIQUES AROMATISANTS
De nouveaux résultats de test sur les arômes contenus dans les e-cigarettes soulèvent des questions sur la sécurité des produits actuellement utilisés et sur le type de réglementation appropriée pour une application à l’industrie de la e-cig. Aux Etats-unis, une enquête sur deux marques avec cartouches jetables (BLU et NJOY) ont eu lieu et des niveaux très élevés de produits chimiques aromatisants ont été détectés dans une demi-douzaine de saveurs différentes selon une étude publiée dans la revue « Tobacco Control« .
Les chercheurs ont uniquement analysé les e-liquides et n’ont pas cherché à explorer les effets possibles sur la santé des vapoteurs, en clair cette étude permet uniquement de poser certaines questions. L’étude de la sécurité de la e-cigarette ou des méfaits possibles provoqués par celles ci ne pourra se faire que sur le long terme car l’utilisation des vaporisateurs personnels n’est pas assez important et n’a pas duré assez longtemps pour se faire à court terme et déterminer les produits potentiellement dangereux.
« Evidemment, les gens n’ont pas eu recours à ces e-cigarettes pendant 25 ans, il n’y a donc pas de données pour savoir quelles sont les conséquences d’une exposition à long terme » a déclaré l’auteur principal de l’étude, James Pankow, un chimiste de l’université d’état de Portland dans l’Oregon. Effectivement « Si vous ne pouvez pas regarder les données longitudinales, il faut regarder ce qu’il se trouve à l’intérieur, et se poser des questions sur ce qui nous inquiètent« .
Dans cette étude, les chercheurs ont mesuré la quantité de produits chimiques présents dans 30 saveurs différentes de e-liquide y compris certaines saveurs populaires tels que « le chewing-gum, la barbe à papa, le chocolat, raisin, pomme, tabac, menthol, vanille, cerise et le café ». Ils ont pu constater que les e-liquides contiennent entre 1 et 4% de produits chimiques aromatisants, ce qui équivaut à environ 10 à 40mg/ml.
UNE PRÉOCCUPATION TOXICOLOGIQUE ?
La conclusion soulève évidemment des questions au sujet des effets de santé, cependant seul 6 des 24 composés chimiques utilisés pour aromatiser les e-liquides font partie d’une classe de produit chimique appelée « aldéhyde », connu pour être irritant pour le système respiratoire. D’après Pankow et les co-auteurs « Les concentrations de certains produits chimiques aromatisants dans les e-liquides sont suffisamment élevés pour que l’exposition par inhalation soit un sujet de préoccupation toxicologique« . Cette conclusion ne signifie pourtant pas que ces produits chimiques sont toxiques au niveau du dosage constaté. Les chercheurs ont calculé qu’en moyenne un vapoteur est exposé à l’inhalation d’environ 5ml de e-liquide et ils ont déterminé que plusieurs marques exposeraient le vapoteur à des niveaux de produits chimiques qui sont bien au dessus des limites d’exposition de sécurité sur un lieu de travail. « Certains vapoteurs sont donc exposés chroniquement à deux fois ce qui est toléré dans un lieu de travail en exposition de produits chimiques » a déclaré Pankow.
Les limites en milieu de travail sont établies pour ceux qui travaillent dans la fabrication de bonbons ou dans des usines de produits comestibles et il est question de ces limites d’exposition car les entreprises de e-cigarettes utilisent les mêmes additifs alimentaires pour la création de e-liquide que dans de nombreux bonbons ou autres aliments. Ces arômes alimentaires sont réglementés par la FDA mais il n’y a pas de réglementation pour l’utilisation dans les e-cigarettes. Il n’y a pas d’exigence, ni d’étiquetage obligatoire pour les arômes ajoutés comme on le trouve dans l’alimentaire.
En outre, comme la FEMA (Association des fabricants d’extraits aromatisants) l’a souligné, les normes de la FDA pour l’utilisation des ces produits chimiques dans les aliments sont basés sur leur ingestion et non leur inhalation. Et même si l’exposition est importante votre estomac n’a pas la même tolérance sur ce type de produit et peut encaisser des choses bien plus importantes.
LA SUITE D’UNE ETUDE CONTROVERSÉE DÉJÀ PARU EN JANVIER ?
Par exemple, l’ingestion de petites quantités de formaldéhyde comme cela arrive lorsque nous consommons des fruits et légumes ne pose pas de risque pour nous. Notre corps fabrique même le formaldéhyde qui flotte dans notre circulation sanguine et ne nous nuit pas. Mais l’inhalation de formaldéhyde, en particulier si c’est une quantité importante sur une longue période a été associée à plusieurs types de cancer. En fait, Pankow est le co-auteur d’une étude sur le formaldéhyde dans la e-cigarette qui avait été publiée dans le « New England Journal of Medicine » en Janvier (On comprend mieux tout cela maintenant !)
Cette étude, co-écrite par David Peyton, un autre chimiste de l’université de l’Etat de Portland ne pouvait et n’a pas pu conclure que les e-cigarettes étaient dangereuses. Et comme sur cette étude, il a uniquement soulevé des questions sur la réglementation. « Il est malheureux que l’on appelle çà Vapoter, ce qui implique de la vapeur et donc de l’eau » a déclaré Peyton quand je l’ai interviewé à propos de cette étude en Janvier. Le liquide pour e-cigarette est trés loin d’être de l’eau et nous ne savons tout simplement pas s’ il peut exister des effets nocifs à long terme. « En attendant, je pense que c’est une erreur de parler de sécurité » a déclaré Peyton avant de dire « Oui, c’est évidemment moins dangereux que d’autres choses, mais d’en parler comme un produit totalement sécurisé n’est pas une bonne chose non plus. »
NE PAS CONFONDRE CONSOMMATION ALIMENTAIRE ET INHALATION…
Peyton n’a pas participé à cette étude sur les produits chimiques aromatisants, mais il a suggéré qu’il y a des raisons d’envisager une réglementation sur les produits chimiques utilisés dans les e-liquides. Un produit chimique très utilisé pour l’arôme cerise ou chewing gum par exemple est le « Benzaldéhyde » et la bibliothèque nationale de médecine a identifié ce produit comme pouvant causer un large éventail d’effets négatifs sur la santé en fonction de la dose utilisée. Il s’agit notamment de réactions allergiques, d’inflammations de la peau, insuffisances respiratoires, et d’irritations des yeux, du nez ou de la gorge.
« Pour le dire simplement, si j’étais vapoteur, je voudrais savoir ce que je consomme » a dit Peyton. « Et ne vous méprenez pas, Si ces ingrédients ne sont pas certifiés sûrs pour être inhalés, qu’ils soient bon pour la cuisine et la consommation n’est pas un argument pertinent. »
Source : forbes.com –L’étude en anglais Tobacco Control (Traduction par Vapoteurs.net)