Des chercheurs ont découvert comment le tabagisme agit sur une variante génétique protectrice des artères contre l’accumulation de plaques et accroît ainsi le risque de maladie cardiovasculaire. Ce qui pourrait permettre de développer de nouveaux traitements.
UNE DÉCOUVERTE QUI POURRAIT OFFRIR DE NOUVEAUX TRAITEMENTS
Un grand nombre de personnes ont ce gène (ADAMTS7) qui réduit le niveau d’une enzyme impliquée dans l’athérosclérose, responsable des maladies coronariennes. Mais le fait de fumer annihile cette protection, ont découvert ces scientifiques dont les travaux étaient publiés lundi dans la revue Circulation. «Notre découverte suggère que des traitements pour neutraliser cette enzyme pourraient être particulièrement bénéfiques pour les fumeurs et également pour toutes les personnes avec un risque accru de maladies cardiovasculaires», estime le Dr Muredach Reilly, professeur de cardiologie à la faculté de médecine de l’Université Columbia à New York, un des principaux auteurs de l’étude.
Selon des estimations, le tabagisme est responsable de 20% des maladies coronariennes et est lié à environ 1,6 million de décès par an dans le monde, précisent ces chercheurs. Mais jusqu’à présent le mécanisme spécifique par lequel le tabac contribue aux maladies cardiovasculaires n’était pas clair.
Pour tenter de clarifier ce lien, ces chercheurs ont analysé des données génétiques qui portaient sur plus de 140.000 personnes provenant de 29 études effectuées précédemment.
L’analyse a montré qu’un seul changement dans l’ADN contenu dans un chromosome à proximité de la variante du gène responsable de la production de cette enzyme dans les vaisseaux sanguins était lié à une diminution de 12% du risque cardiovasculaire chez les non-fumeurs.
Mais chez les personnes qui fument et ayant cette même variation génétique ce risque était réduit de seulement 5%. Une récente étude séparée menée sur des souris a montré que le fait de neutraliser cette variante génétique réduisait l’accumulation de plaque d’athérome dans les artères de ces rongeurs, laissant penser qu’en bloquant la production de cette enzyme on pourrait minimiser le risque cardiovasculaire.
Dans la dernière étude, les chercheurs ont également soumis en laboratoire des cellules formant la paroi des artères à un extrait liquide de fumée de cigarette. En réaction ces cellules ont plus que doublé la production de l’enzyme ADAMTS7.
Cette même enzyme joue également un rôle dans l’arthrite et certains cancers.
«Les résultats de cette étude sont l’une des premières avancées importantes pour résoudre le puzzle complexe des interactions entre les gènes et l’environnement», juge le Dr Danish Saleheen, professeur de biostatistiques à la faculté de médecine de l’Université de Pennsylvanie, un des co-auteurs.
Pour le Dr Reilly, «cette étude est un exemple important de l’émergence de la médecine de précision». Elle s’inscrit dans un effort plus étendu pour déterminer comment les variantes génétiques agissent directement sur le risque de maladie des artères coronaires ou par le biais d’interactions entre les facteurs environnementaux et liés au mode de vie, comme le tabagisme.
Source : Leparisien.fr