Déjà bien implanté en France avec ses e-cigarettes dont la petite dernière l’Epen 3, le géant British American Tobacco voudrait pouvoir dialoguer avec l’Etat français comme cela se fait au Royaume-Uni. Dans une récente interview publiée dans le magazine hebdomadaire « Stratégies« , Richard Bakker, le directeur pour l’Europe de l’Ouest de British American Tobacco dévoile les ambitions du producteur de tabac concernant l’e-cigarette.
DES CIGARETTES, DU TABAC CHAUFFE ET DE LA VAPE !
Dans cet interview publiée hier dans le magazine hebdomadaire « Stratégies« , Richard Bakker ne cache rien des ambitions du géant « British American Tobacco ». Si certains acteurs considèrent les fabricants de tabac comme des opportunistes, le directeur pour l’Europe de l’Ouest de BAT n’hésite pas à rappeler l’implication de la société dans l’e-cigarette depuis de nombreuses années : « Nous nous sommes lancés sur ce marché depuis 2012, et sur les 2,5 milliards de dollars investis sur les six dernières années en termes de R&D pour mettre au point de nouveaux produits ou de nouvelles marques, une grande partie concerne les produits de vapotage. Ils contiennent de la nicotine, mais pas de tabac. »
« Notre enjeu, c’est d’accompagner la transition. » – Richard Bakker
D’ailleurs, Richard Bakker en profite pour présenter le dernier née : « En France, nous venons juste de lancer le ePen 3, un produit premium de notre marque Vype, sur lequel nous avons beaucoup travaillé le design et les matériaux. C’est un lancement important pour nous car la France est notre troisième marché pour le vapotage, derrière les États-Unis et le Royaume-Uni. »
Le directeur pour l’Europe de l’Ouest de BAT rappel également qu’il ne faut pas tout mélanger : « Ne pas confondre l’e-cigarette avec les produits de tabac à chauffer, que nous ne commercialisons pas en France, mais seulement au Japon, en Suisse et au Québec. ». Concernant la vente de cigarette, British American Tobacco est clair et préfère parler de cohabitation plutôt que d’arrêt des ventes :
« Contrairement à notre principal concurrent, Philip Morris, nous ne pensons pas que le marché de la cigarette classique disparaîtra complètement. Mais, oui, les ventes vont fortement décliner en Europe. À terme, nous pensons que les deux marchés cohabiteront. C’est une vision moins « sexy », pour les médias, sans doute, mais qui nous semble plus réaliste. «
« LE MARCHE DU VAPOTAGE EST TRES PROMETTEUR ! »
« Notre enjeu, c’est d’accompagner la transition. », a ce sujet Richard Bakker semble plutôt clair ajoutant au passage que « Le marché du vapotage est très prometteur : il représente dans le monde 14 milliards de dollars aujourd’hui. Et d’ici 2020, ce sera 30 milliards. La plupart des nouveaux entrants sont des anciens de la cigarette classique. C’est un moment historique pour le secteur, les consommateurs ont le choix d’avoir une expérience similaire tout en diminuant les risques. »
« Nous n’arrivons pas à dialoguer avec l’État. Nous voulons le même niveau de dialogue qu’au Royaume-Uni.. » – Richard Bakker
Et British American Tobacco semble évidemment s’investir pour continuer à prouver l’interêt sanitaire de la cigarette électronique : « Nous avons nos propres études, vérifiées par des pairs, qui comparent la vapeur et la fumée de cigarettes. Et la première est moins nocive. Toutes ces recherches sont publiques et disponibles sur notre site internet. Nous sommes très transparents là-dessus. Mais en effet, ce qu’il nous faut, c’est une étude sur les effets à long terme, sur trois ans, qui est en cours de réalisation.« .
Comme d’autres sociétés, associations ou syndicats affiliés au vapotage, Richard Bakker déplore la difficulté à dialoguer avec l’Etat français sur ce sujet si important : « Nous voulons dialoguer avec l’État. Pour que des études publiques indépendantes soient réalisées et que les nôtres ne soient pas les seules. Au Royaume-Uni, une grande étude publique, compilant un total de 255 études scientifiques, qu’elles proviennent de chez nous ou d’ailleurs, a été réalisée par le ministère de la santé. (…) Un plan a été mis en place par le ministère de la Santé sur ce sujet, pour favoriser l’e-cigarette comme produit qui aide à arrêter, et pousser la recherche sur l’impact du vapotage. Mais en France, c’est impossible.« . Il ajoute « Nous voulons que des recherches soient faites, pour que le consommateur soit proprement informé, et que des règles soient mise en place. »
« Il existe aujourd’hui un moyen d’accompagner le consommateur vers un produit potentiellement moins nocif.. » – Richard Bakker
Pour le directeur pour l’Europe de l’Ouest de BAT, il y’a aujourd’hui un problème avec le cadre légal du vapotage en France : « Aujourd’hui, le cadre légal n’est pas adapté. Par exemple, les produits de vapotage « sans nicotine », sont soumis à une réglementation plus souple, avec peu de contrôle et de traçabilité, comparé aux liquides nicotinés. En outre, la communication des produits du vapotage est limitée à des format A5 en magasin, comme pour les produits de tabac classique. Tout ça pose un problème ! Le consommateur n’est pas proprement informé, et nous trouvons cela dommage.« .
Richard Bakker voudrait que la France suive le chemin tout tracé de son voisin outre-manche : « Le pays met en application le principe de précaution, mais résultat, ne prend aucune décision. Le Royaume-Uni a été plus pragmatique, et avance pour mieux discerner les risques et les avantages.« .
Source : Strategies