Les restrictions sur les arômes des e-cigarettes pourraient nuire aux efforts de sevrage tabagique, selon une étude Britannique réalisée par la prestigieuse université de Bristol.
Limiter le choix des arômes des e-cigarettes pourrait avoir des effets néfastes sur les nombreux adultes qui les utilisent pour réduire ou arrêter de fumer, selon une nouvelle étude menée par l’Université de Bristol et publiée dans la revue Harm Reduction.
En mars/avril 2023, la proportion d’enfants expérimentant le vapotage a augmenté de 50 % par rapport à l’année précédente, passant d’un sur 13 à un sur neuf. Face aux préoccupations croissantes concernant l’addiction des jeunes aux e-cigarettes, le gouvernement britannique envisage de bannir les arômes pour rendre le vapotage moins attrayant pour les jeunes.
Certains pays ont déjà restreint la vente de e-liquides aromatisés, n’autorisant que les arômes de tabac et de menthol. Bien que ces restrictions visent à réduire l’attrait du vapotage, elles pourraient affecter les adultes qui utilisent les e-cigarettes pour arrêter de fumer.
Dans cette étude, les chercheurs ont cherché à comprendre l’opinion des adultes britanniques qui fument ou qui ont arrêté de fumer grâce au vapotage sur les e-liquides sans arôme et l’impact potentiel de ces restrictions. L’équipe a recruté 24 adultes âgés de 19 à 62 ans. Parmi eux, 12 fument quotidiennement et 12 vapotent quotidiennement après avoir arrêté de fumer dans l’année précédant l’étude (le vapotage quotidien étant fortement associé au sevrage tabagique). Le groupe comprenait deux adultes qui fumaient plus de 20 cigarettes par jour et deux adultes qui vapotaient quotidiennement mais fumaient auparavant plus de 20 cigarettes par jour.
Les participants ont été invités à utiliser une e-cigarette sans arôme pendant quatre heures au lieu de leur e-liquide aromatisé habituel. Ils ont ensuite répondu à un sondage et participé à une interview en ligne pour donner leur avis sur la possibilité de réutiliser ces produits.
Les résultats ont révélé des opinions mitigées concernant les e-liquides sans arôme. Si certains participants se sont dits indifférents à l’absence d’arômes, d’autres ont estimé que cela pourrait les inciter à reprendre la cigarette. Beaucoup ont décrit les e-liquides sans arôme comme désagréables ou « corrects ».
Globalement, bien que de nombreux participants aient jugé les arômes essentiels à leur pratique du vapotage, notamment pour arrêter de fumer, d’autres facteurs tels que la dépendance à la nicotine, les influences sociales – le vapotage ayant une image tendance – et les perceptions de santé ont également été identifiés comme des moteurs importants. Les participants ont généralement estimé qu’une interdiction des arômes aurait un impact négatif sur les efforts de sevrage tabagique, davantage qu’elle ne réduirait le vapotage chez les jeunes.
La Dr Jasmine Khouja, auteure principale de l’étude et maître de conférences à l’École des sciences psychologiques de Bristol, ainsi que membre du Groupe de recherche sur le tabac et l’alcool de l’Université, a déclaré : « Bien que les restrictions sur les arômes puissent réduire le vapotage chez les jeunes, nos réponses d’interview suggèrent qu’elles pourraient également dissuader les adultes d’utiliser les e-cigarettes pour arrêter de fumer, ce qui pourrait conduire ceux qui vapotent à reprendre la cigarette et inciter plus de fumeurs actuels à continuer de fumer. Il y a aussi des inquiétudes quant au fait que les gens puissent chercher à se procurer des arômes à l’étranger ou fabriquer leurs propres arômes, ce qui pourrait les exposer à des toxines ou des produits chimiques non approuvés pour les e-cigarettes. »
« Les décideurs politiques doivent prendre en compte ces impacts variés si le gouvernement britannique décide de bannir les arômes dans les e-cigarettes. »
