Michael B.Siegel : Une place pour la e-cigarette dans le sevrage tabagique.

Michael B.Siegel : Une place pour la e-cigarette dans le sevrage tabagique.

Dans le domaine de la lutte contre le tabagisme, Michael B. Siegel est un loup solitaire. Le professeur de santé publique à l’Université de Boston se tient en désaccord avec la plupart de ses collègues sur une question bien précise : La e-cigarette.

« Cela me dépasse que tant de groupes liés à la santé publique puissent tenter de bloquer les e-cigarettes » explique Siegel. « Les cigarettes sont pourtant hautement toxiques et tuent 400.000 personnes par an tandis que les e-cigarettes ne sont pas particulièrement nuisibles et aident beaucoup de gens à arrêter de fumer« .

siegelAu cours de son stage au centre médical de Berkshire à Pittsfield dans le Massachusetts, Michael Siegel a pu remarquer que la plupart des gens étaient admis à l’hôpital pour des causes évitables dont le tabagisme, l’alcool, les drogues, la mauvaise alimentation et le manque d’exercice. « Nous pouvions conseiller chaque patient qui le souhaitait sur le tabagisme » a t-il dit, « Mais cela ne serait il pas plus efficace d’avoir des campagnes de santé publique de masse afin de réduire le tabagisme ? Cela a un impact beaucoup plus important sur la santé publique ».

Voilà ce qui a conduit Michael B.Siegel à une bourse dans les Centers for Disease Control  (CDC) et au Bureau de prévention du tabagisme. « Cette expérience m’a convaincu de poursuivre une carrière universitaire en santé publique. » Le sevrage tabagique a d’ailleurs été la passion de Siegel depuis qu’il était étudiant à Brown. C’est là qu’il a exercé des pressions pour faire de Rhode Island le 13ème État à interdire la cigarette dans les lieux de travail. Pendant son école de médecine, il a également fait pression afin de faire apparaitre des lois de lutte contre le tabagisme dans le Connecticut.

Siegel estime que les cigarettes électroniques peuvent faire le grand impact sur la santé publique. Les utilisateurs inhalent un e-liquide nicotiné ou non qui est vaporisé à partir d’un dispositif fonctionnant grâce à une batterie qui ressemble parfois à une cigarette. Il n’y a pas de tabac, rien ne brûle, il n’y a pas de fumée, seulement de la vapeur. Hon Lik, un pharmacien chinois et ancien gros fumeur a inventé la e-cigarette en 2003 en tant que dispositif de sevrage tabagique après que son père soit décédé d’un cancer du poumon. Les produits étant arrivés aux États-Unis en 2007, la FDA les a réglementés au même titre que les produits du tabac. Pour Siegel c’est désespérant car cela a porté atteinte à la bonne image que la e-cigarette pouvait avoir.

« Plus de 90% des fumeurs qui tentent d’arrêter échouent« . « La e-cigarette fait le travail pour eux, car elle simule le mouvement comportemental du fumeur, le hit en gorge, la tenue de la cigarette et même certains aspects sociaux. Vous pouvez tout à fait vaper avec, en groupe ou en réunion » a déclaré Siegel.

Malheureusement, les dispositifs ne sont pas approuvés par la FDA pour le sevrage tabagique et les publicités ne peuvent donc pas déclarer que « Vapoter est plus sûr que fumer ou encore que les e-cigarettes peuvent aider les fumeurs à en finir avec le tabac« 

« Vous avez un produit qui pourrait aider le public, et vous n’êtes pas autorisé à leur dire ce qu’il fait« , a déclaré Siegel. « Personne ne conteste le fait que les e-cigarettes doivent être réglementées. La question est, de quelle façon ? « .

Pour vendre leurs produits, les fabricants d’e-cigarettes recourent aux mêmes thèmes de publicité que les compagnies de tabac, utilisant le sexe, la liberté et l’indépendance. Et pour Siegel, cela envoie aux fumeurs qui voudraient tester la e-cigarette un message comme quoi ce produit n’est pas différent du tabac.

Pour Siegel, le fait d’apposer la même étiquette à la e-cigarette qu’aux produits du tabac équivaut à faire perdre une occasion aux fumeurs de faire une transition.« Évidemment, la meilleure chose est siegel2d’arrêter totalement de fumer mais très peu de gens sont capables de le faire. » Pour le reste, Siegel fait valoir que les e-cigarettes sont beaucoup moins nocives que le tabac. « Vous n’êtes plus à inhaler des dizaines de milliers de produits chimiques présents dans la fumée du tabac, y compris plus de 60 produits cancérogènes connus.« 

Mais Siegel ne prétend pourtant pas que les e-cigarettes sont totalement inoffensives. « La nicotine à elle seule peut présenter des risques cardiaques. On parle là de réduction des risques pour ceux qui souhaiteraient fumer à vie« .
En 2015, une étude publiée dans BMC Medicine a prouvé que les fumeurs qui passent à la e-cigarettes montrent une nette amélioration de leurs fonctions respiratoires et des symptômes respiratoires qu’ils pouvaient avoir. Une étude récente dans « The International Journal of Environmental Research and Public Health » a même montré des résultats similaires chez les fumeurs souffrant d’asthme qui sont passés à la e-cigarette.

« Il y a une idéologie profondément enracinée dans la lutte antitabac : premièrement, tout ce qui peut être assimilé à l’acte de « fumer » ne peut clairement pas être approuvé, et ensuite toute dépendance doit forcément être considérée comme terrible« , a déclaré Siegel.

La seule question sur laquelle Siegel et ses collègues sont du même avis concernent les enfants. Les anti e-cigarettes font valoir le fait que ses produits devraient être interdits ou strictement réglementés afin que les enfants ne puissent pas les obtenir. «Je suis sûr qu’ils vont interdire la vente des e-cigarettes aux mineurs, et pour moi, c’est logique. Cette décision aurait un sens ».

Mais c’est là le seul terrain d’entente entre Michael Siegel et ses pairs. Les anti e-cigarettes affirment que la vape apporte une dépendance à la nicotine et donc est une passerelle vers le tabagisme. « La majorité des jeunes qui utilisent des e-cigarettes sont déjà des fumeurs. Mais il y’en a certains qui sont non-fumeurs et qui veulent tout simplement expérimenter ces produits « .

Les adversaires de Siegel veulent que les e-cigarettes deviennent invisibles pour les enfants . Pour sa part Michael pense qu’il faut expliquer à quoi elles servent aux enfants et surtout arrêter des les mettre en avant de façon « sexy ».

« Si vous ne voyez pas d’enfants utiliser des patchs ou des gommes à la nicotine, c‘est parce qu’ils ne savent que ces produits sont destinés au sevrage tabagique et que ce n’est pas quelque chose de cool. « 

Source : yalemedicine.yale.edu (Traduction intégrale par Vapoteurs.net)

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A propos de l'auteur

Co-fondateur de Vapoteurs.net en 2014, j'en suis depuis rédacteur et photographe officiel. Je suis un véritable passionné de vape mais également de comics et de jeux vidéos.