Le géant britannique « Impérial Tobacco » fait fabriquer ses produits dans une usine de médicaments. On a maintenant une preuve concrète que l’industrie du tabac et pharmaceutique sont de mèche pour s’accaparer le marché de la e-cigarette…
Blouses blanches, gants et couvre-chaussures jetables en plastique bleu, charlottes de protection pour les cheveux… Pas de doute, l’usine PharmaPac, dans la banlieue de Liverpool, fabrique des médicaments. Placée sous la supervision d’un pharmacien responsable, ce site de 400 personnes produit des comprimés, des poudres ou des gels pour les plus grands laboratoires du monde comme Novartis, Bayer ou Teva. Un sous-traitant pharmaceutique comme il en existe des centaines…
Mais PharmaPac ne fabrique pas que des médicaments. A quelques mètres d’une chaîne d’emballage de comprimés de Warfarin, un anticoagulant, les ouvriers britanniques sont en train d’assembler… des cigarettes électroniques. Depuis quelques mois, PharmaPac travaille aussi pour Fontem Ventures, filiale à 100 % du géant britannique du tabac Imperial Tobacco, qui commercialise les marques Gauloises, Gitanes ou encore Davidoff.
La production de JAI, la marque de cigarettes électroniques de Fontem, tourne à plein régime, sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Deux millions de cigarettes JAI sont produites tous les mois. Elles sont expédiées en Italie et en France, où Imperial Tobacco commercialise le produit depuis février dans plus de 7.000 bureaux de tabac. « Nous avons la capacité nécessaire pour multiplier la production par dix », explique Andrew Sampson, directeur des opérations de PharmaPac.
En choisissant de produire la JAI dans une usine pharmaceutique, Fontem Ventures fait le pari coûteux de la qualité. Le produit est vendu 19 euros en France pour une boîte contenant deux recharges, deux batteries, un chargeur USB et un étui de voyage. Les boîtes de deux recharges coûtent 10 euros. « Nous pensons que les consommateurs seront de plus en plus attentifs à la qualité des produits. Et la réglementation européenne sera bientôt beaucoup plus stricte », explique Ged Shudall, responsable du développement chez Fontem.
Quand le cigarettier se lance dans les médicaments, Imperial Tobacco voit plus loin. Fontem Ventures travaille à la mise au point d’une cigarette électronique qui sera un véritable substitut au tabac, au même titre que les patchs ou les gommes vendues en pharmacie. Il s’agirait alors, du point de vue de la réglementation, d’un médicament. Un long processus de recherche et développement démarre, qui se traduira par des essais cliniques – il faudra apporter la preuve scientifique que le produit aide à arrêter de fumer – et une demande d’autorisation de mise sur le marché auprès des autorités sanitaires. « Les tests et les contrôles seront encore bien plus stricts », explique Ged Shudall.
Un fabricant de cigarettes qui se lance dans les médicaments ? Voilà qui fera certainement débat.
Source : lesechos.fr