Malgré la mise en place du paquet neutre en 2016, la lutte contre le tabac est loin d’être gagnée en France, qui déplore un tiers de fumeurs, 220 morts chaque jour, et une facture sanitaire annuelle de 27 milliards d’euros. L’Alliance contre le tabac a donc sondé les onze candidats sur leur politique anti-tabac.
L’ALLIANCE CONTRE LE TABAC A SONDE LES ONZE CANDIDATS A LA PRÉSIDENTIELLE
Trois candidats n’ont pas joué le jeu, dénonce d’emblée la présidente de l’Alliance, Michèle Delaunay : Jacques Cheminade, Jean-Luc Mélenchon, et François Fillon. L’ancienne ministre a par ailleurs jugé la réponse de François Asselineau vide de contenu derrière les grands mots, et celle de Jean Lassalle peu précise beaucoup de points étant encore soumis à « concertation avec son équipe ».
À noter, hasard du calendrier, le candidat de La France insoumise s’est vu gratifier d’un 20 sur 20 par un groupe de sept experts de santé publique (dont certains membres de l’Alliance) dans le cadre d’un questionnement plus large sur la sécurité sanitaire, publiée ce 12 avril dans « le Monde », notamment parce qu’il s’engage à porter le prix du paquet de cigarettes à 10 euros en 2017, et 20 euros à la fin du quinquennat.
Si les huit candidats ayant répondu à l’Alliance se montrent sensibles aux méfaits du tabac et affichent leur unanimité sur la mise en place d’une action de groupe à l’encontre des industriels du tabac, des lignes de démarcation apparaissent, en premier lieu, sur la question du prix du tabac (10 ans dans 2 ans) et de l’harmonisation des prix des cigarettes, du tabac à rouler, expansé, ou à tuber. La candidate communiste Jean Lassalle s’y oppose, tout comme… Marine Le Pen, au motif que l’augmentation des taxes pèserait sur les ménages les plus défavorisés. À l’inverse, « Emmanuel Macron est le seul à avoir annoncé en meeting le paquet à dix euros », salue Michèle Delaunay.
Les autres candidats s’engagent, au-delà du paquet à 10 euros, à développer l’accès aux substituts nicotiniques. Ils doivent être d’accès gratuits, selon Philippe Poutou. « Il ne faut pas seulement pénaliser ni culpabiliser, mais financer tous les moyens d’aide au sevrage, les médicaments, patchs, le vapotage, etc. », a déclaré le Dr Philippe Sopena, soutien de Benoît Hamon. Nicolas Dupont-Aignan souhaite « inciter les fumeurs à vapoter afin de se sevrer progressivement », écrit-il. L’Alliance contre le tabac n’avait pas abordé la question du vapotage « car les cigarettiers s’investissent sur ce marché ; nous ne souhaitons pas en faire un médicament, sur lequel nous n’aurons plus la main », a précisé Michèle Delaunay.
Autre point de divergence, la mise en œuvre des recommandations de la convention cadre de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac (CCLAT) et du dispositif européen de lutte contre le commerce illicite du tabac, signé par la France et l’Union européenne. « Certaines dispositions pourront être modulées ou adaptées pour tenir compte du contexte national », écrit Mickael Ehrminger, pour Marine Le Pen. « Les traités avec l’Union européenne seront dénoncés, mais la lutte contre le commerce illicite sera inscrite dans des projets bilatéraux, trilatéraux, avec les pays voisins », explique Alexis Villevelet, pour Nicolas Dupont-Aignan. Quant à Philippe Poutou, s’il répond par l’affirmative, il dénonce la perméabilité de l’OMS aux lobbies pro-tabac.
Enfin, tous les candidats s’engagent à renforcer les contrôles pour garantir le respect de la légalisation en vigueur, notamment pour l’interdiction de fumer dans les lieux à usage collectif et l’interdiction de la vente aux mineurs.
Source : Lequotidiendumedecin.fr/