QUEBEC : Après l’incompréhension, la réplique s’organise !

QUEBEC : Après l’incompréhension, la réplique s’organise !

Deux médecins renommés déplorent que l’incompréhension, la crainte excessive et la «morale» l’aient emporté sur les faits et la science dans le projet de loi 44, qui embarque la cigarette électronique dans le même bain que le tabac.

Pendant que la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac presse le gouvernement d’adopter le projet de loi avant l’été, plusieurs médecins et des représentants de l’industrie du tabac préparent une réplique en vue des consultations publiques qui auront lieu en août.

Dans son projet de loi déposé début mai, la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, fait fausse route en assimilant la cigarette électronique au tabac traditionnel. C’est l’avis du Dr Gaston Ostiguy, pneumologue au Centre universitaire de santé McGill, un expert en la matière. «Le message qu’on envoie, c’est que la cigarette électronique est aussi dangereuse que le tabac, ce qui est très faux. On sait que la cigarette électronique est 95% plus sécuritaire que le tabac.»

Deux visions s’affrontent en la matière, explique le Dr Martin Juneau, de l’Institut de cardiologie de Montréal. Il y a d’abord celle des médecins cliniciens, qui ne comptent plus les histoires de succès chez les fumeurs malades qui sont parvenus à cesser de fumer en utilisant la cigarette électronique. «C’est, à date, et de loin, le meilleur moyen jamais découvert pour arrêter de fumer», tranche le Dr Martin Juneau. Les chiffres le prouvent. Dans le projet de loi, «on a oublié les fumeurs», déplore le Dr Ostiguy.

Dans cette vision de réduction du risque, «je m’en fous que ces gens-là soient dépendants de la nicotine pure contenue dans la cigarette électronique, ce n’est pas dangereux !» expose le docteur, ajoutant qu’évidemment, l’idéal est de ne rien inhaler du tout. Ces médecins se butent à la vision des autorités de santé publique «qui sont archi contre la cigarette électronique, qui disent que c’est le pire fléau, malgré toute la littérature scientifique. Ils sont terrorisés en disant qu’elle va encourager des jeunes à aller vers le tabac par après.»

Pourtant, poursuit le docteur, ce n’est pas ce qu’on constate en Europe, où la cigarette électronique est apparue bien avant chez nous.  Les statistiques là-bas sont claires : «la cigarette électronique augmente au détriment du tabac. C’est exactement ce qu’on veut voir qui est en train d’arriver.» Vrai qu’elle est populaire auprès des jeunes, mais les études montrent ces derniers ne font pas le saut vers le tabac, comme on le craint tant ici. La cigarette électronique a des saveurs variées, elle ne laisse pas d’odeurs ou de mauvaise haleine. «Pour le jeune français, ce n’est plus cool de fumer. Le tabac est devenu ringard

Si la cigarette électronique est «bien encadrée par une loi qui n’est pas trop restrictive et qu’on met de l’avant les avantages par rapport au tabac, on pourrait éventuellement favoriser la transition de tous les fumeurs vers la cigarette électronique», rêve le Dr Juneau. Mais ce n’est pas ce qui est en train d’arriver avec le projet de loi. «On donne de la méthadone aux héroïnomanes, on distribue des condoms aux jeunes et des seringues aux toxicomanes, mais en matière de tabagisme, il faut être plus catholique que le pape. Ça me déçoit», avoue le docteur Ostiguy.

Son confrère Juneau voit pour sa part un côté «moral» dans cette levée de boucliers sur la cigarette électronique.

L’interdiction de vapoter dans les lieux publics «n’a aucun fondement scientifique» puisque la vapeur inhalée ou la vapeur secondaire ne comporte aucun danger, répète le docteur. Le gouvernement aurait dû, selon lui, élaborer un projet de loi à part entière pour bien distinguer la cigarette électronique du tabac. Le Dr Juneau va plus loin en disant qu’on aurait dû prévoir certains «petits avantages» pour ses utilisateurs, comme permettre l’aménagement de fumoirs, pour encourager la transition du tabac vers le vapotage. Mais les gens ne sont pas prêts à cela, reconnaît-il.

Les deux docteurs, appuyés par deux autres collègues, présenteront un mémoire en commission parlementaire.


Augmenter le chaos


Pour plusieurs, le plus urgent aurait été d’établir des normes dans la fabrication des liquides de nicotine contenus dans les cigarettes électroniques et de mieux contrôler les points de vente afin de mieux protéger les utilisateurs et d’augmenter leurs chances d’arrêter de fumer. Or, le projet de loi 44 est muet sur la question.

Il prévoit par ailleurs qu’il sera dorénavant interdit de vapoter jusque dans les points de vente spécialisés de cigarettes électroniques. Alors qu’on trouve déjà tout et n’importe quoi sur le marché, et par n’importe qui, le PDG de la chaine Vapoclub, Jean-François Tremblay, voit rouge. «On s’est concentré à bloquer plutôt qu’à encadrer. C’est très décevant et déplorable.»

Si la vape est interdite dans les boutiques, on verra ouvrir des points de vente clandestins, prévient-il. «Tout ça va s’en aller au noir. Il n’aura plus de contrôle, plus de garantie de qualité.»

Les docteurs Gaston Ostiguy et Martin Juneau, respectivement pneumologue et cardiologue, vont dans le même sens. La cigarette électronique est complexe à utiliser. Il faut maitriser la technique, faire plusieurs essais de saveurs et de dosage de nicotine pour favoriser ses chances d’abandonner le tabac. D’où l’importance, selon eux, de faciliter la vente dans des boutiques spécialisées par du personnel compétent.

Sourcejournaldequebec.com

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A propos de l'auteur

Rédactrice et correspondante Suisse. Vapoteuse depuis de nombreuses années, je m'occupe principalement de l'actualité suisse.