La cigarette électronique pourrait avoir aidé quelque 18.000 fumeurs à arrêter de fumer au cours de l’année 2015 en Angleterre, selon une étude publiée mercredi 14 septembre 2016. Certes, ces travaux ne reposent pas sur un essai clinique et ne constituent donc pas une garantie d’un lien de cause à effet entre l’utilisation d’e-cigarettes délivrant de la nicotine et le nombre de personnes ayant cessé de fumer. Il s’agit d’une revue systématique des dernières données publiées ces 2 dernières années (depuis 2014) portant sur un total de 11 études dites d’observation.
« Les fumeurs qui luttent pour cesser de fumer devraient essayer toutes les méthodes possibles, y compris les e-cigarettes » – Anne McNeill, King’s College London
Sur la base de cette analyse, l’équipe de chercheurs dirigée par Emma Beard à l’University College London (Londres), ainsi que des experts non impliqués dans l’étude, évoquent de nouvelles preuves convaincantes que vapoter peut aider les fumeurs à arrêter. « Les tentatives pour arrêter la cigarette ont davantage été couronnées de succès au moment où les cigarettes électroniques sont devenues populaires« , commente Ann McNeill, une spécialiste des questions de dépendance au tabac au King’s College de Londres, qui n’a pas pris part à cette étude.
« A mon avis, les fumeurs qui luttent pour cesser de fumer devraient essayer toutes les méthodes possibles, y compris les e-cigarettes« , ajoute-t-elle. L’impact positif de la cigarette électronique est d’autant plus probable que, dans le même temps, le financement des programmes publics pour aider les fumeurs a été revu à la baisse en Angleterre, fait valoir l’étude. Un peu moins d’un adulte sur cinq fume au Royaume-Uni. Les services publics proposent une aide à l’arrêt du tabac, incluant conseils et prescriptions, mais pas l’e-cigarette pourtant utilisée par 2,8 millions de personnes au Royaume-Uni. L’étude suggère ainsi qu’ils devraient peut-être le faire.
Pas d’effets secondaires indésirables graves
Les quelque 18.000 ex-fumeurs recensés en 2015 par cette étude représentent certes un chiffre « relativement faible » , mais médicalement « significatif compte tenu des énormes bénéfices pour la santé de l’arrêt du tabac« , notent les auteurs dans leur étude parue dans le British Medical Journal (BMJ).
En effet, une personne de 40 ans qui cesse de fumer peut espérer vivre neuf ans de plus qu’un fumeur qui a toujours fumé au cours de sa vie, soulignent-ils. Une baisse d’un point en 2015 par rapport à 2014 du pourcentage de fumeurs adultes « indique que quelque chose dans la politique de lutte contre le tabagisme au Royaume-Uni fonctionne« , commente John Britton, directeur du Centre britannique des études sur le tabac et l’alcool dans le BMJ, estimant que l’e-cigarette est « probablement un contributeur majeur » à ce succès.
Un autre rapport sur les e-cigarettes, publié simultanément par la Cochrane Library, conclut également que ce dispositif électronique peut aider les fumeurs à se débarrasser du tabac. La revue Cochrane constate également, dans une mise à jour de ses conclusions de 2014, que l’utilisation de l’e-cigarette n’est pas associée à des effets secondaires indésirables graves. Des travaux précédents avaient contesté l’idée que la cigarette électronique serait un substitut efficace du tabac.
Certaines études allant jusqu’à soutenir qu’elle représente pour les adolescents une « porte d’entrée » à l’addiction aux cigarettes. Une préoccupation qui se révèle toutefois de moins en moins fondée, comme le montrait les données publiées dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire du Haut Conseil en santé publique en mai 2016.
Source : Sciences et Avenir