Selon une étude publiée mercredi par Santé publique France, la proportion de fumeurs quotidiens baisse chez les utilisateurs de e-cigarette. D’après les estimations depuis son apparition en 2010, elle a majoritairement utilisée pour la réduction des risques et a aidé quelque 700 000 fumeurs quotidiens à mettre un terme à leur dépendance.
« UN USAGE DÉSORMAIS ANCRE SUR LE LONG TERME ! »
Dans une analyse complémentaire des données du Baromètre santé 2017, l’agence scrute la diffusion de cet outil chez les adultes âgés de 18 à 75 ans. Il en ressort que les vapoteurs ont tous eu une expérience avec le tabac: la moitié d’entre eux sont des fumeurs occasionnels ou quotidiens, l’autre moitié d’anciens fumeurs. Moins de 1% n’a jamais fumé.
«L’e-cigarette ne semble pas devenir, chez les adultes, un nouveau produit utilisé sans lien avec le tabac», remarque Anne Pasquereau, chargée d’études scientifiques à SpF.
Le profil de ses utilisateurs est plutôt masculin et diplômé. Ils vapotent (terme qui a fait son apparition dans le dictionnaire en 2015) depuis 20 mois en moyenne, c’est-à-dire beaucoup plus longtemps que lors de la précédente étude en 2014. «L’effet de nouveauté est probablement passé et l’usage est désormais ancré sur le long terme», écrivent les chercheurs. Par ailleurs, l’habitude n’est pas uniquement liée à une addiction physique: 12% des vapoteurs utilisent en effet des liquides sans nicotine.
Cela a manifestement un effet sur leur consommation de tabac. En trois ans, la part de fumeurs quotidiens a été divisée par deux chez les utilisateurs de e-cigarette, tandis que le nombre d’anciens fumeurs a doublé. Quant aux «vapofumeurs», les vapoteurs encore fumeurs, ils sont 80% à avoir réduit leur consommation de cigarettes. Ils allument désormais 9 cigarettes par jour en moyenne, contre un paquet avant leur diminution.
Les chercheurs mettent toutefois en garde contre cette pratique. «Les bénéfices sur la santé d’une réduction du tabagisme sont limités par rapport à un arrêt complet, puisque même une faible consommation de cigarettes est très nocive», écrivent-ils, craignant que l’impression de progrès enregistré ne retarde l’arrêt total du tabac.
« INCITER LES VAPOFUMEURS AU SEVRAGE TOTAL ! »
Le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue, le confirme: «La réduction du nombre de cigarettes est souvent suivie de rechutes. Il faut donc inciter les vapofumeurs au sevrage en augmentant le taux de nicotine dans les liquides (jusqu’à 16 mg) ou en complétant avec des patchs. S’ils éprouvent encore le besoin de finir une cigarette, c’est que le dosage en nicotine est insuffisant pour leur corps».
Et après? Pour la première fois, la synthèse livre des informations éclairantes sur l’arrêt du vapotage, une question qui divise encore les spécialistes de santé publique. Parmi les adultes âgés de 18 à 75 ans, 1,2% sont à la fois d’anciens fumeurs et d’anciens vapoteurs. Concrètement, cela signifie qu’environ 500 000 personnes ont renoncé à leur e-cigarette après avoir arrêté de fumer.
Mais la vapoteuse aurait une mauvaise image dans l’opinion publique. Plus de la moitié des personnes interrogées pensent que cet outil est aussi ou plus nocif que la cigarette ordinaire. Un sentiment plus marqué chez les fumeurs quotidiens.
«Il n’y a pourtant aucun doute scientifique sur le fait que les émissions de e-cigarette, sans être dénuées d’effets indésirables, sont infiniment moins nocives pour la santé que la fumée du tabac», affirme le Pr Dautzenberg. Enfin, son interdiction dans certains lieux publics, comme les établissements scolaires ou les transports collectifs fermés, est appréciée par 67% des sondés.
Le baromètre de Santé publique France est une enquête menée par téléphone auprès de 25 000 personnes. Des données déclaratives, précisent les auteurs de l’étude, qui ne permettent de mesurer que la perception des personnes interrogées sur l’intérêt de l’e-cigarette comme aide à l’arrêt du tabac.
Source : Le Figaro