Les médecins doivent-ils proposer la cigarette électronique comme outil pour quitter le tabagisme ? La question revient fréquemment sur le tapis et le débat est rude. Outil de sevrage tabagique ? Passerelle vers le tabagisme ? Plusieurs experts ont récemment débattu dans « The BMJ » afin de répondre à cette question.
OUI ! LES MEDECINS DOIVENT LA RECOMMANDER !
L’Institut national d’excellence en santé et soins (The National Institute for Health and Care Excellence) qui donne des conseils aux médecins a récemment déclaré que la cigarette électronique était un outil utile pour quitter le tabagisme. Cependant, les avis divergent et certains experts estiment que l’e-cigarette pourrait causer des dépressions, ne faciliterait pas le sevrage tabagique et constituerait une porte d’entrée vers le tabagisme chez les jeunes.
Hier, dans l’édition de « The BMJ » , plusieurs experts ont débattu sur cette question essentielle : Les médecins doivent ils recommander la cigarette électronique ?
Paul Aveyard, professeur de médecine comportementale à l’Université d’Oxford, et Deborah Arnott, chef de la direction de l’action contre le tabagisme, affirment que les fumeurs demandent souvent conseil à leurs médecins sur la façon d’utiliser la cigarette électronique. Selon eux, lea réponse est clairement « OUI » car les cigarettes électroniques peuvent aider les fumeurs à quitter le tabagisme.
Les cigarettes électroniques sont aussi efficaces que la thérapie de remplacement de la nicotine (TRN) pour arrêter de fumer, et beaucoup de gens choisissent la cigarette électronique plutôt que la TRN. Les cigarettes électroniques sont des aides populaires au sevrage tabagique, ce qui conduit à une augmentation des tentatives d’abandon et à un arrêt total du tabagisme en Angleterre et aux Etats-Unis, expliquent-ils.
Certains craignent que l’addiction du tabac se reporte sur l’utilisation de l’e-cigarette et crée un vapotage continue potentiellement nocif. Mais selon eux « pour la plupart des vapoteurs, l’incertitude entourant les potentiels méfaits n’est pas en cause parce que l’utilisation de l’e-cigarette se fera à court terme. »
Certains jeunes expérimentent effectivement les cigarettes électroniques, mais très peu de jeunes qui n’ont jamais fumé les utilise plus d’une fois par semaine. À une époque où les cigarettes électroniques sont populaires, le tabagisme chez les jeunes est tombé à des niveaux record, de sorte que le risque de les voir se mettre à fumer doit être faible, voire inexistant.
Des inquiétudes ont été soulevées quant à l’implication de l’industrie du tabac dans le marché des cigarettes électroniques, cependant, «les preuves suggèrent que les cigarettes électroniques ne profitent pas à l’industrie du tabac parce que le taux de tabagisme diminue».
« Au Royaume-Uni, les cigarettes électroniques font partie d’une stratégie anti-tabac complète qui protège les politiques publiques contre les intérêts commerciaux de l’industrie du tabac. » La politique britannique en matière de santé «promeut le vapotage comme alternative au tabagisme et fait consensus au sein de la communauté de la santé publique avec l’appui de Cancer Research UK et d’autres organisations caritatives…».
NON ! LA PROMOTION ACTUELLE DU VAPOTAGE EST IRRESPONSABLE !
Pourtant, les spécialistes ne sont pas tous d’accord sur le sujet. En effet, pour Kenneth Johnson, professeur auxiliaire à l’Université d’Ottawa, la réponse est clairement « NON » ! Selon lui, recommander les cigarettes électroniques pour arrêter de fumer comme cela est fait actuellement est tout simplement irresponsable.
Les cigarettes électroniques présentent un risque sérieux pour la santé publique et pour les nouvelles générations de jeunes fumeurs, ajoute-t-il. Dans une étude réalisée en 2016 auprès de jeunes anglophones (de 11 à 18 ans), les utilisateurs de cigarettes électroniques étaient 12 fois plus susceptibles de commencer à fumer (52%) que les utilisateurs de cigarettes électroniques.
« Ils [les compagnies de tabac] ont une longue histoire d’utilisation agressive de leur pouvoir économique et politique pour tirer des profits au détriment de la santé publique« , ajoute-t-il. « British American Tobacco a de grands projets pour élargir le marché récréatif de la nicotine avec l’e-cigarette, l’optique d’un sevrage ou d’un arrêt ne fait pas partie du plan prévu «
Selon lui, l’effet global des cigarettes électroniques sur le sevrage tabagique est négatif, les niveaux élevés de vapofumeurs sapent la réduction des risques et l’effet passerelle vers le tabagisme chez les jeunes est un danger avéré.
Source : Medicalxpress.com/