Les adeptes de la e-cigarette manifestent leur exaspération sur les réseaux sociaux. Pour eux, le développement de la « vape » est entravé par la nouvelle législation, au risque de relancer la consommation de tabac. Les explications de Brice Lepoutre, président de l’Association indépendante des utilisateurs de cigarette électronique.
En décembre 2015, plus de 1 200 vapoteurs ont posté des commentaires sur le blog de la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Ils souhaitaient l’interpeller sur la nouvelle loi santé qui interdit de vapoter dans les lieux publics, au travail et dans les transports en commun. Un texte qui prohibe également toute publicité pour la e-cigarette.
Autre motif d’inquiétude : la transposition en droit français, d’ici le 20 mai 2016, de la directive européenne antitabac dont certaines mesures ne favorisent pas non plus le vapotage. À ce jour, la ministre n’a pas répondu à ces commentaires. Nous avons demandé à Brice Lepoutre, président de l’Aiduce, l’Association indépendante des utilisateurs de cigarette électronique, de réagir.
Quelles sont les raisons de votre colère ?
Différents organismes de santé publique, dont le ministère, font la sourde oreille face aux preuves qui montrent que la cigarette électronique est efficace pour réduire le tabagisme et diminue les risques. Mais nous nous heurtons à une ultraprudence qui, poussée jusqu’à l’extrême, devient dangereuse.
Le gouvernement continue d’assimiler la cigarette électronique au tabac, alors que c’est plutôt un produit qui devrait être encouragé. Une étude britannique récente montre que la e-cigarette réduit les risques de 95 % par rapport au tabac.
Comment expliquez-vous ces réticences ?
C’est le sacro-saint principe de précaution. La ministre a peut-être, aussi, de très mauvais conseillers. Y a-t-il derrière des liens d’intérêts avec les industriels du tabac ou Bercy qui veut continuer à percevoir des taxes ? En tous cas, la ministre continue de tenir un discours alarmiste.
La loi de santé interdit de vapoter dans les lieux publics et interdit la publicité. L’application de la directive européenne antitabac sera également un frein à l’innovation et au matériel de qualité. Tout cela freine le développement de la cigarette électronique. Du coup, les derniers chiffres de l’OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies) montrent une remontée du tabac.
La ministre a-t-elle répondu à vos sollicitations ?
Nous avons été reçus par son cabinet, mais nous n’avons pas rencontré la ministre alors qu’elle a reçu les représentants des buralistes. Personnellement, j’aurais plus de 1 000 commentaires sur mon blog, je me poserais des questions. Mais je ne suis pas vraiment étonné de ce silence. Cette e-cigarette, venue de consommateurs qui ont repris leur santé en main, a toujours gêné.
Il y a aujourd’hui en France un million de vapoteurs qui ont arrêté de fumer et trois millions de vapo-fumeurs qui ont réduit leur consommation de tabac. Le corps médical nous soutient majoritairement. Les réticences sont très rares aujourd’hui du côté des médecins. Malheureusement, les plus réticents sont aussi ceux qui sont les plus proches du pouvoir politique.
À savoir : les commentaires postés sur le blog de Marisol Touraine ont été compilés dans un livre 1 000 messages pour la vape, envoyé au gouvernement et aux parlementaires. On peut l’acheter à prix coûtant 5,01 euros ou le télécharger gratuitement.
Source : Santé magazine