Méconnaissance ? Danger sous-estimé ? En France, les fumeurs pensent qu’il faut en moyenne 12 cigarettes par jour et 16 années et demie de tabagisme pour risquer de développer un cancer.
UN SEUIL DE DANGEROSITÉ SOUS-ESTIME !
En 2019, personne ne peut plus ignorer que le tabac, avec ses quelque 7000 substances chimiques (dont 70 cancérigènes avérées), est un facteur de risque important de maladies. Une enquête récemment publiée par Santé publique France le confirme: parmi 4000 personnes interrogées, la quasi totalité sait que fumer favorise le cancer, et les trois quarts des fumeurs craignent d’avoir un cancer dû au tabac.
L’enquête révèle en revanche que ces derniers sous-estiment largement les seuils de dangerosité. Ceux interrogés ont par exemple indiqué qu’il faut fumer au moins 12 cigarettes par jour pour risquer d’avoir un cancer, et seuls 23% pensent qu’il existe un risque dès une cigarette quotidienne. Plus d’un quart des fumeurs place même la barre à 20 cigarettes par jour. Ainsi, les «petits» fumeurs (moins de dix cigarettes par jour) considèrent (à tort) que leur consommation est trop faible pour risquer de développer un cancer dû au tabac.
À la question: «Au bout de combien d’années une personne qui fume ce nombre de cigarettes par jour a‑t‑elle un risque élevé d’avoir un cancer?», les fumeurs ont répondu en moyenne «16 ans et demi». Or il est bien démontré que le risque de développer un cancer est très lié à la durée du tabagisme, même si l’on fume peu. Fumer une cigarette par jour pendant 10 ans fait ainsi courir plus de risques que de fumer un paquet par jour pendant un an, selon l’Institut national du cancer.
Les trois quart des personnes interrogées pensent également que respirer l’air des villes est aussi mauvais pour la santé que de fumer, et que faire du sport permet de nettoyer ses poumons. Le sport constitue en effet une protection contre de nombreuses maladies, mais il ne permet pas de supprimer l’effet nocif du tabagisme sur les poumons.
Quant à la pollution, elle est certes à l’origine de cancers, mais bien moins que le tabac: en 2015 en France, la pollution était responsable de moins de 1% des cancers, tandis que le tabac était à l’origine de 29% des cancers chez les hommes et 9% chez les femmes, rappelle Santé Publique France. «Les inquiétudes de la population vis‑à‑vis des risques environnementaux grandissent», analyse l’agence sanitaire, «et la propagation de ce sentiment entre 2010 et 2015 peut traduire une relativisation des risques comportementaux face à ces nouveaux risques peu maîtrisables à l’échelle individuelle».
Source : Sante.lefigaro.fr/