Les travaux alarmistes sur la toxicité de la cigarette électronique ne reproduisent pas les conditions réelles du vapotage. De nouveaux appareils de mesure sortent peu à peu des laboratoires et permettront sans doute d’y voir bientôt plus clair.
Vapoter met-il à l’abri des effets délétères de la cigarette « classique » ? À en croire le tabacologue Bertrand Dautzenberg, « ses émissions peuvent contenir des produits potentiellement toxiques désirés – comme la nicotine – mais aussi non désirés ». Le spécialiste appelle d’ailleurs à une meilleure mesure de leurs effets potentiellement nocifs. Des études inquiétantes sur leurs effets sur la santé humaine sont parues en 2016 et 2017. L’aérosol inhalé serait délétère pour les cellules de la bouche et du poumon, nocif pour les femmes enceintes et les foetus, etc. Il contiendrait des taux alarmants de produits dangereux, tel le formaldéhyde (forme volatile du formol), un cancérogène et toxique respiratoire qui se forme lors de la chauffe du liquide. Ou encore l’acroléine, toxique respiratoire et cardio-vasculaire dégagé par la pyrolyse du glycérol utilisé comme agent humectant. Deux produits d’ailleurs également présents dans la fumée de tabac.
La toxicité des cigarettes électroniques bien moindre que celle du tabac
Mais d’autres études sont aussitôt venues contrer les premières. « En fait, les études les plus alarmistes ne parviennent pas à reproduire les conditions réelles de la vape : c’est un peu comme si les chercheurs mesuraient l’équivalent des émissions d’une Cocotte-Minute… mais en oubliant de mettre de l’eau dedans », estime le cardiologue Konstantinos Farsalinos, de l’université de Patras (Grèce) qui les a toutes épluchées pour préparer le congrès sur l’e-cigarette qui s’est tenu à La Rochelle le 2 décembre 2016. Or personne ne vapote dans ces conditions ! « Quand les vapoteurs surchauffent le liquide, cela produit un goût âcre et désagréable, ce qu’ils évitent de faire », explique Peter Hajek, spécialiste du tabagisme à la faculté de médecine de Londres (Royaume-Uni). De nouveaux appareils de mesure sortent peu à peu des laboratoires privés et publics et permettront sans doute d’y voir plus clair d’ici à quelques mois.
Par ailleurs, de grandes améliorations ont été apportées à la composition des liquides qui est désormais mieux réglementée, alors qu’en 2012 « c’était le Far West, avec beaucoup de produits difficiles à appréhender mis sur le marché ! », reconnaît Rémi Parola, coordinateur de la Fédération interprofessionnelle de l’industrie de la vape (Fivape). Les normes garantissent davantage la sécurité et la santé des vapoteurs, qu’il s’agisse du flacon, des liquides, des bouchons ou de la pureté de la nicotine. La certification de l’Afnor proscrit ainsi le diacétyle, un arôme artificiel de beurre cancérogène qui figurait dans certains des premiers produits.
Au final, quels que soient les paramètres étudiés (particules, cancérogènes, composés, etc.), la toxicité des cigarettes électroniques, quoique non anodine, se révèle bien moindre que celle du tabac.
Source : Sciencesetavenir.fr/