Doit-on encore avoir des doutes sur les dispositifs de tabac chauffé proposés par l’industrie du tabac ? Si l’ensemble de la communauté scientifique ne semble pas encore capable de trancher sur le sujet, l’European Respiratory Society (ERS) vient pour sa part de modifier sa position sur ce produit tant décrié.
LE TABAC CHAUFFE, UN PRODUIT « TOXIQUE ET ADDICTIF » SANS PREUVE DE RÉDUCTION DES RISQUES !
Nous ne garderons pas plus longtemps le suspense dans l’analyse de la position de l’European Respiratory Society (Société européenne de pneumologue) qui est assez claire : Le tabac chauffé est un produit « toxique et addictif » qui n’apporte « pas de preuve de réduction des risques« .
Dans son rapport, l’ERS précise que la recherche de l’industrie du tabac affirme une réduction des dommages de 90 à 95% sur les produits chauffés. Pourtant l’ERS dénonce clairement un jeu de dupe :
« Les fabricants de produits du tabac n’ont pas informé le public que certaines études avaient révélé la présence de substances nocives à des concentrations élevées : particules, goudron, acétaldéhyde (cancérogène), acrylamide (potentiellement cancérogène) et métabolite de l’acroléine (toxique et irritant). Certaines études ont révélé des concentrations beaucoup plus élevées de formaldéhyde (potentiellement cancérigène) dans les produits de tabac chauffés que dans les cigarettes classiques.
Historiquement, il existe des preuves solides que les études réalisées par l’industrie du tabac ou par des chercheurs financés par l’industrie du tabac ne peuvent être fiables. Les anciens employés et les contractants ont des irrégularités détaillées dans les expériences cliniques menées par l’industrie sur les produits à base de tabac chauffé.
Des recherches indépendantes montrent que l’acroléine (toxique et irritante) n’est réduite que de 18%, le formaldéhyde (potentiellement cancérigène) de 26%, le benzaldéhyde (potentiellement cancérigène) de 50% et le taux de TSNA (cancérogènes) égal à un cinquième de celles des cigarettes à combustion conventionnelle. En outre, la substance potentiellement cancérigène, l’acénaphtène, est presque trois fois plus élevée que dans les cigarettes conventionnelles et les niveaux de nicotine et de goudron sont presque identiques à ceux d’une cigarette conventionnelle.
Une étude expérimentale chez l’animal a montré que l’exposition à l’iQOS entraînait une diminution de 60% de la fonction des vaisseaux sanguins, ce qui est comparable à celle provoquée par la fumée de cigarette. En outre, une étude a révélé que les utilisateurs d’iQOS pourraient être contraints de fumer à un rythme rapide, ce qui pourrait entraîner une augmentation de la consommation de carbonyles (potentiellement cancérigènes) et de nicotine, induisant un niveau élevé de dépendance à la nicotine.«
Pour ces raisons, l’European Respiratory Society déclare : « Bien que les produits de tabac chauffés soient peut-être moins nocifs pour les fumeurs, ils restent néanmoins à la fois nocifs et très toxicomanogènes, et il existe un risque que les fumeurs passent à des produits de tabac chauffés au lieu d’arrêter de fumer. L’ERS ne peut recommander aucun produit nocif pour les poumons et la santé humaine. »
La société européenne de pneumologue (ERS) a modifié sa position sur le tabac chauffé qui est clair et montre que le tabac chauffe est toxique et addictif et n’apporte pas de preuve d’une réduction du risque ERS position paper on heated tobacco products https://t.co/nj9ngtAEhf
— Pr . B Dautzenberg (@parissanstabac) 28 mars 2019
Pour l’European Respiratory Society le tabac chauffé :
- Est nuisible et addictif
- Sape le désir des fumeurs d’arrêter de fumer
- Sape le souhait des ex-fumeurs de rester hors du tabagisme
- Est une tentation pour les non-fumeurs et les mineurs
- Impose un risque de normalisation du tabagisme
- Impose un risque de double usage avec les cigarettes conventionnelles
La position de l’ERS fait déjà débat sur différents réseaux sociaux. En effet, certaines personnes dénoncent un certain parti pris, les données proposées étant sélectionné pour mettre en avant cette position tout en ignorant tous les cas qui pourraient la contredire.
How many of these bold assertions are based on empirical data, and how many are just that: assertions? #science_please_not_just_beliefs @ERSTalk pic.twitter.com/oh7IAn0A9a
— Frank Baeyens (@FBaeyens) 28 mars 2019
Source : Ersnet.org/