Une analyse des données du Monitorage suisse des addictions à été mandaté et financé par l’Office fédéral de la santé publique, avec le soutien du Fonds de prévention du tabagisme. Ce rapport sur la désaccoutumance tabagique évoque de nombreux points mais plus intéressant encore, il traite de la e-cigarette.
Les chiffres sont encourageants: le nombre de fumeurs souhaitant arrêter la cigarette a augmenté de 11,4% depuis 2011. Ils sont actuellement 52,8% à vouloir bannir la cigarette de leur quotidien. C’est ce qui ressort d’un sondage mené en 2015 par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et publié ce lundi. Tant les personnes qui fument tous les jours que celles qui le font occasionnellement souhaitent se libérer de l’emprise du tabac. 24% des personnes fumant tous les jours ont tenté de se débarrasser de la cigarette au cours des 12 derniers mois. 70% d’entre elles l’ont fait sans aide professionnelle.
Verena El Fehri, présidente de l’association suisse pour la prévention du tabagisme, explique cette évolution par les lois devenues plus strictes, comme celles qui frappent notamment les bars. «De nos jours, les fumeurs sont moins visibles. Aujourd’hui, ne pas fumer est devenu la norme.»
La e-cigarette est l’aide la plus utilisée lors d’une tentative d’arrêt du tabac
La place de la cigarette électronique dans l’offre en désaccoutumance tabagique en Suisse était encore relativement marginale en 2015 : 5.8% des fumeurs/ses quotidiens avec tentatives d’arrêt dans les 12 derniers mois la citaient comme aide lors de la dernière tentative d’arrêt. Il s’agit cependant de l’aide la plus citée et cette proportion est en hausse depuis 2013. Toutefois les données collectées ne permettent pas de tirer des conclusions sur un effet positif ou négatif de son usage dans la perspective de l’arrêt du tabagisme.
E-cigarette et désaccoutumance : Quelques précisions
Le nombre de fumeurs est stable en Suisse
Si un nombre grandissant de personnes veut arrêter la cigarette, le nombre effectif de fumeurs en Suisse est resté stable au cours des dernières années. La majorité des fumeurs ne parviendrait-elle pas à se passer de la cigarette? Non, répond Simone Buchmann, porte-parole de l’OFSP. «De plus en plus de gens veulent arrêter la cigarette et une partie d’entre eux y parvient. Mais il faut considérer le fait que la Suisse compte aussi chaque année de nouveaux fumeurs.» Selon elle, ces derniers sont majoritairement de jeunes adultes âgés moins de 20 ans.
Simone Buchmann note par ailleurs que ces jeunes gens ne font pas seulement en sorte que le nombre de fumeurs reste constant en Suisse. Ainsi, seuls 14,9% des 15 à 19 ans ont l’intention d’arrêter de fumer au cours des 30 jours à venir. En revanche, ils sont 44,4% à vouloir le faire dans les 6 mois à venir.
«Fumer est légal»
Les jeunes continuent donc à fumer même s’ils savent que cela nuit à leur santé: «Le plaisir de fumer et le désir de paraître cool sont encore très grands à cet âge-là.» Verena El Fehri note par ailleurs qu’une grande majorité des jeunes ne pensent fumer que lors d’une courte période de sa vie: «C’est pour ça qu’ils ne veulent pas arrêter à cet âge-là.» En revanche, le désir de se passer de la cigarette est le plus intense chez les 34 à 44 ans: «Une personne qui a une famille et un emploi perçoit plus intensément de la part de son entourage que fumer n’est pas bien.»
Malgré cela, Gregor Rutz, conseiller national UDC et président de la communauté du commerce suisse en tabac, pense que lancer des campagnes de sensibilisation pour inciter les gens à arrêter de fumer ne sert à rien. «On essaie de faire passer la cigarette pour quelque chose de négatif et d’imposer un certain style de vie aux consommateurs.» Et d’ajouter: «Fumer est légal et les personnes adultes ont le droit de faire ce qu’elles souhaitent.».
Source : suchtmonitoring.ch