BENEFIQUE UNIQUEMENT SUR LE COURT TERME !
Dès les années 60 et 70, l’industrie du tabac songeait à développer des produits à base de nicotine, autres que les cigarettes. Le but était de créer un produit utilisé soit avec des cigarettes classiques, soit comme substitut. À cause des premières études sur le rôle addictif de la nicotine et d’une crainte de réglementation par l’agence américaine des aliments et des médicaments (FDA), les projets sont abandonnés.
Ce sont les compagnies pharmaceutiques qui sortent en 1984 les gommes Nicorette acceptées par la FDA, parce que vendues sur ordonnance. Le but de ces produits est de faire arrêter de fumer lorsque la personne est suivie par un médecin. Une nouvelle observée avec attention par les compagnies de tabac : le nouveau produit a modifié la vision qu’avait le grand public de la nicotine. «
Le fait que Nicorette soit prescrite par leurs docteurs et vendue par leurs pharmacies a mené les gens à conclure que la nicotine n’était pas si mauvaise pour eux » expliquait un employé de Philip Morris. On découvre cette stratégie dans les Tobacco Papers, les documents déposés par les compagnies de tabac dans le cadre des procès du tabac, et
consultés par les chercheurs de l’Université de San Francisco.
Autre bonne nouvelle pour l’industrie du tabac : une étude menée par la multinationale British American Tobacco en 1992 montre que, sans conseils du médecin
, la majorité des fumeurs n’arrive pas à arrêter avec ces produits. Mieux, ils les utilisent en complément de la cigarette… «
Les études sur l’efficacité des gommes et timbres sur l’arrêt de la cigarette montrent un bénéfice significatif sur le court terme, mais un très faible avantage par rapport au placebo sur le long terme », souligne un employé de la compagnie.
Vision positive de la nicotine et perspective d’un nouveau marché : il ne restait plus qu’à lever la barrière de la FDA. En 1996, elle autorise la vente de ces produits sans ordonnance. En 2009, la Loi sur le tabac autorise la FDA à réguler le marché des cigarettes. Afin de sauvegarder leurs parts de marché, les géants du tabac se sont lancés officiellement dans les produits dérivés.