Il y’a quelques mois l’espoir était permis pour un marché de la vape tunisien prometteur, pourtant ce petit rayon de soleil a vite laissé place à des nuages gris. Frappés par le sceau de l’interdiction, traqués par les services de la douane, se voyant ôter tout espoir de travailler dans la légalité, des centaines de commerçants de la cigarette électronique se trouvent dans une situation délicate, voire de précarité pour certains.
UN MONOPOLE DE LA RNTA QUI EMPÊCHE L’E-CIGARETTE D’EXPRIMER SON POTENTIEL !
Compliqué… C’est le terme qui convient le mieux à la situation actuelle du marché de la vape en Tunisie. Alors que le marché devenait florissant, voilà que tombe la sentence : c’est à la RNTA, et à elle seule, que revient le monopole du marché de la vape. Depuis la décision annoncée en 2014, le blocage est total. L’État n’est pas prêt à proposer des solutions. Certains commerçants sont acculés à entrer dans les circuits de la contrebande, d’autres à écumer les couloirs des administrations pour arracher, en vain, la sacrosainte dérogation.
Dans un dossier spécial le site Businessnews nous présente Karim qui fait partie de cette frange de Tunisiens qui ne lâchent pas prise face à l’adversité que représente une bureaucratie sclérosée. Avec son associé, il a lancé sa société dans les règles de l’art : passage par l’APII, un statut de vente de cigarettes électroniques et d’e-liquide en gros et en détails, obtention de la patente, du registre de commerce et du code en douane.
Ayant en main toute la paperasse nécessaire pour travailler dans la légalité, il lance sa commande auprès de son fournisseur en France. En contactant le ministère du Commerce pour faire transiter la marchandise, le fournisseur se heurte à un obstacle de taille. C’est qu’il faudrait une dérogation spéciale pour faire sortir la marchandise de la Douane. Sauf que cette dérogation spéciale n’est pas délivrée par le département du Commerce mais par celui des Finances, à travers la Régie nationale des tabacs et des allumettes (RNTA) puisque détenant le monopole. Karim n’est pas découragé pour autant, il tient à suivre la procédure légale. Il dépose sa demande en bonne et due forme afin que la direction de la RNTA lui accorde la dérogation spéciale. Depuis le 31 mai 2018, il attend. Ce n’est plus à un obstacle qu’il se heurte, mais à un mur infranchissable.
« J’ai une société on ne peut plus légale. Je tiens à payer mes taxes et donc à renflouer les caisses de l’Etat. Je refuse d’opérer dans l’illégalité. Chaque responsable que je rencontre, me répète la même chose : tu auras ta réponse la semaine prochaine. Les semaines sont passées et toujours rien ! Je suis finalement parvenu à avoir plusieurs entretiens avec le DG de la RNTA, il botte en touche à chaque fois en promettant d’éventuelles solutions qui tardent à se réaliser. Entre temps, je reste dans l’expectative » déclare Karim.
DES SUPPRESSIONS D’EMPLOIS, DE LA PRÉCARITÉ ET UN MARCHE QUI NE SE DÉVELOPPE PAS
En accordant le monopole à la RNTA, L’État a supprimé des emplois pour les commerçants, fournisseurs, vendeurs qui souhaitent évoluer légalement dans cette activité. Un monopole qui dissuade l’entreprenariat, qui tue la concurrence sans laquelle il n’y aurait ni progrès, ni innovation et où le consommateur ne trouve pas son compte. Pourquoi donc dynamiser le marché par une saine concurrence ? Il vaut mieux stagner, s’arc-bouter contre une longue tradition monopolistique n’est-ce pas ? Le monopole accordé à la RNTA est d’autant plus absurde que la régie est incapable de satisfaire les besoins des clients.
Les connaisseurs le répètent sans cesse, le marché de la cigarette électronique est en perpétuelle évolution « et de par ses procédures de gestion, freinée par une lourde bureaucratie, la Régie nationale est inapte à suivre ces changements. On ne peut pas aujourd’hui espérer vendre un modèle désuet alors que les cigarettes électroniques sont passées aux nouvelles générations », confiait un commerçant à Business News dans un précédent article.
D’ailleurs, la RNTA avait commandé un important stock d’e-liquide qu’elle a eu du mal à écouler. La régie aurait encore ce stock sur les bras, étant tombé en désuétude et ne disposant pas de points de vente capables de répondre aux besoins de la communauté des vapoteurs.
L’urgence est la ! Afin d’éviter une propagation incontrôlable du marché noir en Tunisie il est essentiel que l’État se penche sur une solution ou le commerçant et le client en sortiraient forcément gagnants.